mardi 3 décembre 2019

Allemagne neuf zéro (Jean-Luc Godard, 1991)

Bon anniversaire Jean-Luc Godard. Bientôt, la Cinémathèque française va entamer une rétrospective sur le cinéaste, 13 ans après celle du Centre Beaubourg, dont on se souvient qu'elle fut chaotique et compliquée pour Dominique Païni. En 13 ans, il y a eu surtout des courts-métrages que je qualifie de collage, j'en ai un peu parlé l'an dernier (Kahn Khanne), et en avril lors du passage sur Arte du Livre d'image. Il reste quelques trucs à découvrir dans cette rétrospective, comme la version italienne et remontée du Mépris et peut-être encore deux ou trois choses.

Je crois que Allemagne Neuf Zéro est le premier film de Godard que j'ai vu de toute ma vie. Je n'en suis pas vraiment sûr parce que ça remonte à très loin (novembre 1991 lors du passage du film sur Antenne 2). C'est pas franchement le film le plus simple pour commencer, mais à vrai dire, je considère ma séance de cinéma en février 1992 où j'ai vu l'un après l'autre A bout de souffle et Le Mépris comme ma vraie première fois avec lui. Il faut toujours une première fois avec Jean-Luc Godard, moi c'était Bardot, Piccoli et le scope à n'en plus finir dans une grande salle de cinéma.

Longtemps on (c'est-à-dire ces gens des Cahiers du cinéma) a donné comme titre à ce film Allemagne année 90 neuf zéro. Pour encore mieux faire référence à Roberto Rossellini. C'est pas commun un film sans titre définitif, qui change au fil des projections. Il est visible en bonus du DVD d'Adieu au langage dans son grain d'origine, dans son format de l'époque (un bon 4:3, toutes les postes télé avaient ce cadre carré) mais c'est déjà mieux que Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma et Les Enfants jouent à la Russie, ces deux autres créations télé.

Eddie Constantine rempilait dans le même rôle de Lemmy Caution, 25 ans après Alphaville. En 25 ans, tout a changé en Europe, seuls les espions restent et traversent les écrans de cinéma. Lemmy Caution a bien vieilli et semble las de tous ces changements. Il parle toutes les langues, français, anglais, allemand. Il croise du monde, il ouvre des livres, il marche dans la campagne. Je n'ai pas encore compris si Allemagne année 90 neuf zéro parle de quelque chose d'intelligible, mais j'aime ce passage avec un Don Quixote qui parle allemand.


Ça doit causer de la réunification des deux Allemagnes, de la fin de l'URSS, des souvenirs du nazisme que toujours et encore Jean-Luc Godard met en parallèle avec l'histoire actuelle dans des effets de collage. Il développe ce collage avec des tableaux, des extraits de films, des couvertures de livres et des photos. Il en est encore à des balbutiements dans l'art du collage. Il mettra une bonne vingtaine d'années, que dis-je presque 30 ans, pour parvenir à une beauté vibrante. Allez, encore une fois, pensée à Jean-Luc Godard pour son anniversaire.


































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