lundi 18 février 2019

Mr. Majestyk (Richard Fleischer, 1974)

En regardant pour la première fois de ma vie Mr. Majestyk, je me suis rendu compte que je n'ai pratiquement vu aucun film avec Charles Bronson. Certes, j'ai dû voir certains de ses films quand ils passaient à la télé dans les années 1980 mais rien dont je me souvienne, pas même Il était une fois dans l'ouest. Le voir est ainsi une découverte cinématographique. D'autres que moi ont bien mieux décrit ce visage paysage tout en canyons et plissures de rides, bref un mec qui a vécu, qui a bourlingué, qui en a vu des vertes et des pas mûres.

Et ce mec, ce Vincent Majestyk, la seule chose qui l'intéresse est de faire pousser des pastèques et de ramasser ses pastèques. Il vit dans le Colorado, un comté où il possède 67 hectares. Les pastèques sont mûres et il doit embaucher des ouvriers pour la récolte. Il veut les payer 1,40$ de l'heure, pas mal. Il a demandé à un recruteur de trouver des employés, ils sont tous d'origine mexicaine. Les voilà en route en minibus vers les champs pleins de pastèques. Et là surprise, on a décidé de faire chier Majestyk.

Ce on c'est un jeune blanc-bec mais qui n'a pas sa langue dans sa poche , un grand blondin au sourire arrogant, fringues de cow-boys de pacotille. Bref ce Bobby Kopas (Paul Koslo) est l'inverse même de Vincent Majestyk, un sale petit merdeux prétentieux qui veut forcer Majestyk a payer les bouseux qui sont déjà installés dans le champ, des soûlards comme le dit le sous-titre qui pourront être payés seulement 1,20$. Coup de poing dans la gueule du petit crétin, passez par la case prison, ne touchez pas 20000$.

La voilà l'injustice flagrante qui menace les pastèques. Si Majestyk ne peut pas sortir de prison immédiatement, s'il ne peut pas embaucher qui il veut, sa plantation va pourrir sur pied. Une femme, Nancy Chavez (Linda Cristal) migrante mexicaine va l'aider. Nancy avait fait la rencontre de Majestyk à une station service, il l'avait défendue, elle et d'autre migrants, quand l'employé de la station les emmerdait en refusant qu'ils aillent aux chiottes. Décidément, quand on emmerde Majestyk, il ne se laisse pas faire.

Reste un personnage à présenter. Richard Fleischer choisit la force du hasard pour faire se rencontrer ce beau monde de Mr. Majestyk et ce Frank Reda (Al Lettieri) est un truand de la pire espèce. Majestyk le croise en prison, jeté là à cause du blanc-bec, et Reda n'est pas homme à sympathiser. Loin de là, quand Majestyk lui demande s'il ne va pas manger les saucisses de la cantine, Renda les jette par terre. Renda va s'échapper du camion qui doit le convoyer de la petite prison vers ailleurs.

C'est ainsi un film entre ces trois hommes et cette femme, plus quelques rôles plus secondaires où les animosités vont se développer dans une montée en violence constante. Renda veut tuer Majestyk, Kopas veut se venger de l'humiliation subie et va s'allier avec Renda. Une alliance malsaine où le jeune couillon va encore plus se faire humilier. C'est là que pour moi Mr. Majestyk devient réellement passionnant et douloureux surtout pour Kopas qui se fait rabrouer comme un gamin mal élevé. Très jouissif.


En découvrant Mr. Majestyk, je découvre donc un Charles Bronson doux, calme et juste avec quelques excès de fureur quand on s'oppose à sa douceur, son calme et sa justice. J'ai beaucoup pensé au Convoi de Sam Peckinpah (tourné 4 ans plus tard, ça s'appelle du plagiat par anticipation). Le film réussit l'exploit d'être une romance sur le hasard, un film d'action (courses poursuite haletantes), un thriller scabreux mâtiné de comédie mais surtout un film sur le racisme ordinaire qui aujourd'hui résonne d'autant plus.






















1 commentaire:

Jacques Boudinot a dit…

J'avais un gros à priori sur le film : Bronson avec un flingue
dans une main, une pastèque dans l'autre, et un béret sur
la tête pour compléter le tableau, non franchement, faut pas
déconner ! Et puis si en fait. Déjà ce n'est pas un béret mais
une casquette. Mais surtout c'est un film simple, qui n'essaie
jamais de péter plus haut que son cul, avec des flics veuls, des
immigrés maltraités comme on en voit jamais au cinéma.
Et surtout on y trouve Al Lettieri, le déjà tueur malsain de
Guet Apens de Peckinpah, qui met un malaise impressionnant
dans le film. Une vraie découverte, modeste mais constamment
étonnante.