dimanche 8 décembre 2019

Le Gagnant (Sammo Hung, 1983)

Dans l'univers immense qu'est la comédie cantonaise, les films dits des Five Stars ont remporté un immense succès dans les années 1980, c'était produit par la Golden Harvest et cela consistait à mettre quelques vedettes ensemble, les faire jouer des pitreries et ajouter un soupçon d'action. Chacun avait sa partition, histoire de ne pas empiéter sur le terrain de l'autre. Nos cinq héros ne se connaissent pas en début de film mais tous se rencontrent en prison.

L'ouverture du Gagnant montre les petits larcins qu'ils fomentent avant de se faire arrêter par la police. Teapot (Sammo Hung) est cambrioleur, habillé dans une combinaison noire (et franchement moulante), il pensait débarquer dans une maison vide mais se fait surprendre par des invités qui attendaient dans le noir pour souhaiter bon anniversaire. Pris en flagrant délit, il s'enfuie en lançant une corde, mais pas de chance, il atterrit dans une fourgonnette de police.

Voilà pour donner une idée des bras cassés qui forment ce quintet. Le beau gosse Vaseline (Charlie Shin) – ce pseudo est authentique, les deux moustachus les plus célèbres du cinéma de Hong Kong, Ranks (Stanley Fung) et Trachée (Richard Ng) et le lunaire Jack (John Sham) surnommé le Frisé. Quand ils sortent de prison, c'est chez le Frisé qu'ils établissent leur résidence, là habite la petite sœur de ce dernier, Susan (Cherrie Chung), que tout le monde appelle « Petite soeur ».

Comme les Marx Brothers, 50 ans plus tôt, tout ce qui les intéresse est l’argent et les filles. Au grand dam du Frisé, ils trouvent tous les prétextes pour draguer la petite sœur. Le grand frères veille, se fait très protecteur lors d'une sortie des amis dans une fête foraine. C'est à celui qui éloignera le rival le plus loin de la demoiselle. A ce petit jeu, Teapot semble, vu son physique, le moins bien parti, mais chaque fois, c'est lui que Petite Sœur choisit, il est le plus gentil de la bande.

Teapot est la tête de turc des quatre autres. Il est toujours de corvée notamment quand les Five Stars partent au boulot, c'est lui qui porte le matériel. Car ils ont fondé une agence de nettoyage. Il est le larbin mais le spectateur a de l'empathie pour lui. Chacun aura son moment de gêne où les autres se moquent de lui. Au milieu du film, Richard Ng est persuadé d’avoir acquis une méthode pour devenir invisible. Il va déambuler à poil dans l’appartement et mater la fille. C’est bête mais c’est drôle.

La partie comédie pure dure une bonne heure, l'action arrive avec un ponte de la mafia vu en début de film avec tous ses sbires qui viennent l'attendre à la prison alors que personne n'était là pour les Five Stars. Les hommes de main, au garde à vous, en costumes cravate, débarquent en voiture de sport rouge, déploie un tapis rouge pour leur chef Chan Chiu (James Tin). Habillé tout en blanc, il s'allume un grand cigare et se rend fier comme Artaban dans sa Rolls Royce blanche.

Il s'agit de fausses monnaie et les plaques pour les fabriquer se retrouvent comme par hasard dans la fourgonnette de nettoyage. Jackie Chan tient le rôle du policier qui les traque. Un petit rôle d'impulsif un peu détaché du récit central où il croise Yuen Biao, Mars. Jackie Chan a une immense course poursuite en patins à roulettes suivi d'un carambolage de bagnoles à l'ancienne. On ne lésinait pas sur les carrosseries qui s'entrechoquent.


C'est à Sammo Hung que sont dévolus les combats chorégraphiés comme à son habitude dans une mélange de burlesque (quand ses amis se battent sans vraiment savoir le faire, à la débrouille) et de brutalité. Ouille, ça castagne sévère avec ces chutes brutales sur le sol sans trucage, filmées en plan d'ensemble, ces corps qui traversent les pièces et qui s'écrasent dans la scène finale située dans un entrepôt contre les bidons et autres objets durs et lourds. Ouille !
























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