lundi 4 novembre 2019

Le Marin des mers de Chine (Jackie Chan, 1983)

Les pirates attaquent Hong Kong à la fin du 19ème siècle. Mais ce sont les troupes de la Reine qui se battent entre elles. Pour bien mieux voir, Jackie Chan pour son immense scène d'ouverture donne des couleurs aux deux corps militaires qui se vont se battre dans ce grand café. Les gardes-côte sont en blanc, les policiers sont en vert. Cela permet une clarté dès que les premiers sont provoqués par les seconds, pas pour des balivernes, pour savoir quelle troupe aura les subsides britanniques. Les gardes-côte ont été choisis par les pontes de l'armée et le gouverneur.

On imagine la complexité de la chorégraphie pour rendre tout lisible et ne jamais ennuyer le spectateur, tout est fluide dans ce défi cinématographique. Rarement dans le cinéma de Hong Kong, dans ce cinéma d'action et mieux encore dans les comédies d'action, autant de personnes se battaient en même temps dans un même lieu. C'est un défi qu'il semble s'être lancé pour varier les habituels combats en duo ou trio ou ceux dans les auberges qui manquaient d'imagination. Ce sera le cas dans les nombreux combats qui se déroulent tout au long du film, à peu près toutes les 20 minutes.

Cette superbe séquence de combat où les chaises, tables et objets divers sont jetés dans tous les sens, avec ses multiples combattants permet de faire se rencontrer les deux principaux protagonistes. Côté blanc, Dragon Ma (Jackie Chan), côté vert Tzu (Yuen Biao), tous les deux au meilleur de leur forme. Il faudra encore attendre un peu pour que Sammo Hung, incarnant Fei, entre en scène. Dragon Ma représente le petit gars au bas de l'échelle, le soldat obéissant aux ordres mais plein de bon sens. Tzu est le petit protégé du patron de la police, son oncle qui parvient à ce qu'il ne soit pas arrêté.

Le film enchaîne sur du burlesque pur et commence à développer la comédie absurde qui fera la décennie suivante le bonheur du cinéma cantonais. Tzu devient l'instructeur des gardes-côte et va les brimer avec des punitions ridicules. Pendant ce temps, dès qu'il a le dos tourné, les hommes de Dragon Ma font tout pour contrarier Tzu. Ces chamailleries ne dureront qu'un temps, celui qu'il faut pour que Tzu et Dragon Ma deviennent proches puis amis, unis dans l'adversité, celle de lutter contre ces pirates, métaphore filée de l'occupation britannique puis de la signature de la rétrocession avec la Chine.

Avec toute cette action, nos deux héros n'ont le tempe de regarder les demoiselles qui pourraient les détourner de leur mission. Dans Le Marin des Mers de Chine, le femmes n’ont pas de vrai rôles, dans les premières minutes, il y a bien deux jeunes filles, vêtues de belles robes occidentales aux couleurs vives, elles pourraient séduire Tzu et Dragon, bien qu'elles soient les filles des officiers, mais elles disparaîtront progressivement du récit. Elles ne sont qu’un prétexte pour qu’on puisse voir le courage et la force des deux héros quand il vont lutter contre les pirates.

Il faut bien que Fei entre enfin en scène. Le personnage de Sammo Hung est ce qu'on nommera poliment un opportuniste. Pour bien le signifier au spectateur de l'époque, dans ses premières scènes, il est en costume occidental où il est franchement ridicule. Fei est un ami d'enfance de Dragon mais qui a choisi la voie du petit banditisme. Quand les deux hommes vont s'allier pour sauver Hong Kong, Fei va revenir non seulement sur le chemin de la loi mais aussi reprendre les habits traditionnels chinois. C'était alors la première fois que les deux acteurs travaillaient ensemble, avant de réinventer la comédie d'action.


Le film prend plaisir à ridiculiser les hauts gradés, à dire que les élites sont corrompues tout autant qu'incompétentes et à sublimer le petit peuple dont Jackie Chan s’est fait le porte parole, plus encore que Bruce Lee. Il est d’ailleurs de tous les plans (sauf quand les méchants pirates complotent). Quand il est entouré de Yuen Biao, Sammo Hung et Mars, il demeure le leader du groupe, celui qui a les meilleures idées pour faire front aux pirates et aux édiles. Régulièrement, ses comparses disparaissent du récit et jamais ils n'auront d'aussi belles scènes de combat que celles que s'attribuent Jackie Chan. C'est bien légitime.
































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