lundi 7 octobre 2019

Simple men (Hal Hartley, 1992)

On peut aisément dire que The Unbelievable truth et Trust me forment un diptyque tant les deux films se complètent et se répondent, Simple men est dans la même veine mais ne parvient pas à établir la troisième partie d'une trilogie. Cette fois, Hal Hartley réunit ses deux acteurs précédents, Robert Burke et Martin Donovan, le premier en personnage principal (Bill McCabe), le deuxième en personnage secondaire qui n'apparaît qu'au bout d'un petit moment dans le film et n'a pas d'existence propre, il est juste là.

Tout commence par un cambriolage raté, Bill McCabe se fait planter par sa petite amie Vera qui décide de s'enfuir avec le butin et le troisième comparse. Hal Hartley démarre son film à New York par un casse mais bifurque vite cette piste narrative (la vengeance qu'imagine Bill tombe immédiatement à l'eau) en plongeant dans les histoires de famille. Arrive le petit frère de Bill, Dennis (Bill Sage) et tous deux partent à la recherche de leur père William dont les journaux n'arrêtent pas de parler.

Simple men s'entame alors comme un road movie mais où les voitures vont vite s'arrêter, vont faire une étape dans un patelin de Long Island pour ne plus jamais démarrer. Assez vite, on constate que le ton de The Unbelievable truth et Trust me, ces histoires de famille compliquées cèdent la place à une plus grande simplicité. Certes on discute encore plus mais les dialogues se soldent à des suites de monologues, à vrai dire, les personnages ne discutent pas entre eux, ils passent leur temps à pose des questions au lieu de donner des répondes.

Dennis est précisément parti dans la quête de son père pour lui poser une question essentielle pour lui (il le fera à la fin, en vitesse, comme pour conclure un épisode de ce père dont on parle tout le temps sans jamais le voir). Son petit air sage (l'acteur porte bien son nom) avec ses petites lunettes le porte à être le plus raisonnable des deux frères. Tellement sage et gentil qu'il s'excuse tout le temps, n'ose jamais entamer et se permet à peine de draguer la jeune femme qu'il croise dans le village Elina (Elina Löwenshon).

A côté, Bill est plus aventureux, c'est un baratineur et n'arrête jamais de causer. Un vrai moulin à paroles. Lui a choisi de séduire Kate (Karen Sillas), une femme chez il échoue, une femme au visage d'une immense tristesse et qui a peur que son ex ne débarque chez elle. Au départ, Bill voulait se venger sur n'importe quelle femme, faire en sorte qu'elle tombe amoureuse et ensuite l'humilier, mais il va renoncer à son projet, là encore une bifurcation narrative, une manière différente de procéder à un road movie.

Encore une fois on lit dans ce troisième film de Hal Hartley, le père qui ressemble bigrement à Samuel Fuller avec son manteau, fait réciter un traité sur l'anarchie à ses ouailles (Elina, Dennis et Martin Donovan). Mais surtout on parle comme dans un livre, très littérairement tel ce flic déprimé qui veut arrêter Bill. Le film rend surtout un grand hommage à Bande à part avec une longue scène de café où les trois dansent ensemble comme le faisaient Anna Karina et ses deux comparses.


Enfin voilà, j'ai vu ces trois premiers films de Hal Hartley sans avoir pour l'instant très envie de poursuivre. Pour l'anecdote, quand Trust me était sorti au printemps 1992 (c'était le premier à aller dans les salles françaises, avant The Unbelievable truth et Simple men) avec quelques amis nous nous étions séparés au cinéma, certains étaient allé voir Trust me, les autres La Sentinelle d'Arnaud Desplechin, je crois que je n'ai jamais regretté mon choix, je suis définitivement dans le camp d'Arnaud Desplechin.

















1 commentaire:

Jacques Boudineau a dit…

Alors, cela donne quoi un film de Hal Hartley
vingt ans après ? Il y a un ton, un univers,
incontestablement, mais aussi une très forte monotonie :
mêmes valeurs de plans durant tout le film (du gros plan et
du plan moyen, j'ai noté un seul plan d'ensemble), trois riffes
de guitare qui deviennent vite énervant, un rythme atone,
une insouciance qui se veut "godardienne" mais qui semble bien
factice, des comédiens qui font la gueule ...
Le charme est passé, le film n'est plus qu'un objet creux
et terriblement superficiel.
Ah, que le temps est cruel !