samedi 26 octobre 2019

Ostia (Sergio Citti, 1969)

Dans l'une de ses déambulations en Vespa dans Journal intime, Nanni Moretti signale qu'il n'est jamais allé sur le lieu de l'assassinat de Pier Paolo Pasolini. Il part donc sur la plage d'Ostie. C'est l'un des décors principaux d'Ostia le film de Sergio Citti. Alain Bergala remarquait dans un documentaire sur Pasolini que cette l'assassinat avait été filmé au cinéma avant qu'il n'arrive. Ce coup de bâton de Franco Citti sur Laurent Terzieff était si prémonitoire qu'il figure désormais sur l'affiche du film.

Tout est question de folie pure dans Ostia, l'histoire de deux frères campés par les deux acteurs, deux grands gigues qui vont au chevet de leur vieille mère dans un hôpital psychiatrique, ce qui donne droit à quelques images quasi documentaires sur des aliénés enfermés dans un lieu clos. C'est l'asile de fous en début, ce sera la maison familiale en milieu et la prison dans la dernière partie. Les deux frères, aux prénoms peu fréquents, Rabbino et Bandiera cherchent chaque fois à s'échapper mais n'y arrivent presque jamais.

Le grand truc de Sergio Citti pour diriger les deux acteurs, son frère et Terzieff doublé en italien – ce qui crée un effet pénible, est typique de 1969, il demande une distanciation qui se retrouve aussi dans les films de Pasolini de la même période (Porcherie, Théorème), une psychologie teintée de politique et de symbolisme. Tout ce joue dans les regards des acteurs souvent filmés en gros plan et en regard caméra et en décors naturels dans lesquels ils évoluent. On retrouve Ninetto Davoli toujours aussi joyeux qui découvre dans un champ, devant un phallus géant, une jeune femme.

Blonde comme les blés, Monica (Anita Sanders) semble revenir à la vie et va divertir les garçons. Elle va s'amuser à travestir Bandiera en femme brune et Rabbino en femme blonde dans une scène où le miroir au centre de la pièce prend une grande place. Sergio Citti a une étrange manière de filmer ses scènes intérieures, il place sa caméra loin dans un plan d'ensemble qui rappelle les premiers temps du cinéma, le caractère primitif de la mise en scène. Cela provoque encore une fois une distance dans le regard du spectateur.

Monica raconte son souvenir « Savez-vous qui m'a dépucelée ? ». Rabbino et Bandiera raconte leur souvenir « Comment nous avons tué notre père ». Deux visions du père sont décrites, l'un incestueux qui viole sa fille pour la protéger d'un soldat, l'autre tyrannique qui se prend pour un anarchiste. Il chante une version italienne de La Marseillaise. Les deux frères enfants, avec l'assentiment de leur mère déjà allongée dans le lit comme dans la scène initiale de sa mort, poussent ce père de la fenêtre, il s'écrase par terre.


Le sexe, la mort, la politique, la religion sont les motifs principaux d'Ostia où les contradictions entre ces éléments sont érigés comme des piliers. Le film est souvent bien dans une posture intellectuelle oiseuse, tout n'est pas évident et avec le temps ce qui devait paraître évident ou subtile en 1969 l'est beaucoup moins aujourd'hui. Restent les scènes finales sur la plage d'Ostie où les deux frères règlent leur compte à coup de bâton et de coït sur le bord de plage. Je ne suis pas certain d'avoir tout compris.

























Aucun commentaire: