lundi 28 octobre 2019

Charlot concierge (Charles Chaplin, 1914)

Pour la première fois, Charlie Chaplin ne s'en remet pas seulement à une situation simple pour produire son court-métrage burlesque. Dans Charlot concierge (The New janitor), il développe non seulement des gags (basés sur la maladresse de Charlot ici en homme de ménage qui montre peu d'aptitude pour cette profession), des personnages et en tout premier lieu le sien où la dualité est exprimée mais aussi un récit plus solide que tout ce qu'il avait fait à la Keystone jusqu'alors.

Cet homme de ménage, ce concierge comme le dit le titre, doit monter au dernier étage pour aller nettoyer le bureau du patron. Le garçon d'ascenseur (Al St. John, extrêmement maquillé) se moque de lui en lui interdisant l'accès à l'ascenseur, c'est dire à quel point son personnage est en bas de l'échelle puisque même cet employé lui est supérieur, il a un petit pouvoir. Le petit sourire du garçon d'ascenseur annonce les prochaines visées sociales de ses films avec le monde du travail comme univers d'oppression.

Puis c'est la maladresse habituelle de Charlot qui entre en jeu. Il ne fait pas attention à ce qu'il fait, rentre dans les objets ou les utilise comme « armes » dangereuses. Le meilleur gag est celui du balai qu'il enjambe pour entrer dans une pièce parce qu'il l'a positionné à l'horizontale. Mais une fois entré dans le bureau, il tourne le manche du balai à la verticale. Puis ce sera la secrétaire qui va le distraire dans sa tâche, il n'a d'yeux que pour elle, elle l'observe laisse faire ses facéties en rigolant.

Le ménage se poursuit avec le lavage des vitres. Comme indiqué plus haut, Charlot est au dernier étage d'un immeuble de bureaux. Il se penche à la fenêtre avec une vue dans le vide, il propose là du sensationnel (à la Harold Lloyd, mais avant lui) avant que le burlesque ne reprenne le dessus. Le contenu de son seau de lavage se déverse sur son patron qui se trouvait sur le trottoir devant les bureaux. Le patron un « gros plein de soupe », ici caricaturé ostensiblement, va virer Charlot sans ménagement.

Le film propose une histoire secondaire, là aussi c'est une première fois, située dans le bureau adjacent. L'un des employés a des dettes de jeu. Le patron refuse l'avance et l'employé décide de dérober l'argent dans le coffre. Seulement voilà, tout cela n'est pas simple. Un léger suspense se met en place car l'employé menace d'un pistolet la secrétaire, amoureuse de lui, et se révèle un fieffé voleur. La violence est telle que l'employé va étouffer la secrétaire pour la faire taire, elle va s'évanouir.


Je parlais de dualité du personnage de Charlot. Elle arrive à ce moment-là. Lui qui était si maladroit pour faire le ménage s'avère très audacieux pour sauver la belle secrétaire. Avec sa canne, il va désarçonner l'employé et se saisir du pistolet. La police arrivé sur les lieux, évidemment une fois que tout est fini, pense que Charlot est celui qui voulait voler le patron. L'injustice est déjà au cœur du récit de Chaplin mais le patron clame l'innocence du concierge et le récompense.













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