lundi 7 octobre 2019

Bande à part (Jean-Luc Godard, 1964)

Coincé entre deux gros films en couleur et en cinémascope, Le Mépris et Pierrot le fou, Bande à part avec son noir et blanc et son format 1:37 n'est pas le film le plus affriolant de son auteur, mais il a ses fans inconditionnels et il est de plus en plus souvent cité comme inspiration. Hier en revoyant Simple men de Hal Hartley, j'ai découvert cette danse entre Elina Löwensohn, Marin Donovan et Bill Sage dans un café, hommage évident et un peu plus rock 'n roll que la danse, filmée in extenso, entre Odile (Anna Karina), Franz (Samy Frey) et Arthur (Claude Brasseur).

Dans Bande à part, film dont je ne raffole pas pas, c'est le moment que je préfère. Il dure le temps d'une chanson yé yé, c'est un madison et il est totalement improvisé. C'est Anna Karina qui mène la danse, elle adorait danser et les deux hommes (Samy Frey lui donne son chapeau pour bien montrer qu'elle dirige le trio) la suivent comme ils peuvent. D'après Antoine de Baecque, tout le monde a répété comme des malades pour tenir le rythme dans ce plan séquence qui débarque au bout de 40 minutes, histoire de faire un long-métrage.

Car Jean-Luc Godard dans ses petits films créés pour remonter le moral d'Anna Karina se laisse aller à la fugue, il prend un livre inconnu, il suit vaguement la trame et poursuit ses acteurs dans des plans rapprochés en train de discuter et de disserter. Les textes sont donnés le matin, Jean-Luc Godard ajoute lui-même sa voix notamment dans cette scène où il coupe plusieurs fois le son de la musique pour incruster sa voix et ses phrases. Le procédé sera perfectionné pendant des années pour parfois atteindre l'abstraction la plus pure.

« Cette fois c'est le moment d'ouvrir une deuxième parenthèse et de décrire les sentiments des personnages » entend-on de la bouche du cinéaste, comme s'il allait ajouter quoi que ce soit sur les rapports entre Odile, Arthur et Franz. En guise de description, c'est toujours ces aphorismes qu'il s'amuse à sortir, ces rues mal éclairées si ce n'est au néon que les personnages traversent et ces obstacles en tout genre qu'ils doivent franchir et en tout premier lieu les vitres de la voiture, les murs des maisons, les rivières qui les séparent du monde réel.


L'autre moment improvisé, toujours avec la voix de Godard est celui de la traversée en courant du musée du Louvre. Tout ça pour relever un record établi un Américain. Là, on est en plan d'ensemble et les images sont presque volées. Godard a eu un passe-droit mais de toutes apparences, l'un des gardiens du Louvre n'était pas au courant. La scène, très marrante, est bien plus courte que dans mon souvenir, à peine une minute. Elle demeure dans le Panthéon des meilleures scènes de cinéma dans un musée.























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