vendredi 5 avril 2019

Tel Aviv on fire (Sameh Zoabi, 2018)


M il y a 15 jours, Synonymes la semaine dernière, Tel Aviv on fire ce mercredi, ces trois films ont en commun d'évoquer les conséquences du chaos israélien sur leurs personnages mais mieux que cela, ils se détachent par le refus de sombrer dans le « film dossier » donc la caricature. Cette caricature ouvre pourtant Tel Aviv on fire, une résistante palestinienne déclame un discours. Quelque chose cloche dans l'image, ces couleurs pastel, cette tenue, ces poses entre chaque mot.

On découvre que tout cela est le tournage d'une feuilleton télé, financé par d'étranges « investisseurs étrangers » et que l'on ne verra jamais mais qui semblent probablement inventés par son producteur Bassam (Nadim Sawalha). La série télé est bas de gamme regardée par tous, en Palestine comme en Israël, et elle est tournée à Ramallah en Territoire occupé par Israël (rien n'est filmé à Tel Aviv). Chaque jour, un épisode est tourné à la va vite et diffusé le lendemain, dans la grande tradition du feuilleton.

De quoi cause-t-il ce feuilleton ? Le mieux est encore de ne pas le dire car tout le ressort comique du film repose sur son écriture, son tournage et sa diffusion. La grande surprise de Tel Avivi on fire – le titre ne le laissait pas supposer – et que c'est une comédie très réussie avec des scène hilarantes. Le film introduit un personnage burlesque irrésistible, le neveu de Bassam, le grand échalas Salam (Kaïs Nashif) est un bon à rien devenu régisseur café.

C'est autour de sa nullité en tout que se noue le cœur du film. Il se prend un jour lors d'un passage à un check point pour le scénariste de la série télé. Il se fait contrôler par le chef du check point, le peu sympathique Assi (Yaniv Biton), un garde chiourme au verbe condescendant et aux cernes lourdes. Lui aussi une belle caricature. Il est vite interpellé par le fait que Salam soit scénariste du feuilleton préféré de sa femme et veut mettre dans le récit son grain de sel.

Le film se trouve vite dans une construction à double vitesse. Salam doit non seulement écrire sa propre vie, trouver des stratagèmes pour passer de régisseur à scénariste, mais en plus créer des histoires pour le feuilleton, faire vivre Rachel le personnage que joue l'actrice française Tala (Lubna Azabal) amoureuse du général israélien Yehuda qu'incarne un acteur palestinien joué par Yousef Sweid. Tout un méli-mélo mâtiné de mise en abyme se met en place.

Tout un réseau de complications se développe. Assi devient de plus en plus pressant pour écrire de nouveaux rebondissements, forcément moins pro-palestiniens que ceux qu'exige Bassam, Salam espère reconquérir le cœur de son ex Mariam (Maisa Abd Elhadi). On croise Nabil (Amer Hlehel) un co-scénariste lâche, on découvre une recette de houmous et on se rend compte que la comédie, quand elle prend des atours politiques avec des touches de suspense inquiétant, peut être redoutablement efficace.

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