lundi 15 avril 2019

J'ai aussi regardé ces films en avril


Dumbo (Tim Burton, 2019)
Disons pour faire simple que Dumbo ressemble plus à The Greatest showman, cet hideux biopic du cirque Barnum agrémentée de chansons atroces, qu'à Batman returns. Par chance Disney n'impose pas des chansons et on voit Michael Keaton et Danny DeVito s'affronter de nouveau comme à la belle époque. Depuis 20 ans, l'étincelle du cinéma de Tim Burton s'est éteinte car il a fait disparaître tout le mystère qui composait ses personnages d'animaux humains (Pingouin et ses parapluies en était l'exemple le plus parfait). En lieu et place on a droit à un éléphanteau en images de synthèse, à deux gamins qui savent tout et à Colin Farrell, soit une certaine idée du cinéma d'horreur. Certes parfois le cinéaste trousse merveilleusement ses scènes, surtout dans la dernière demie-heure, mais pas assez pour tromper la routine, contrairement à ce que je lis dans une certaine presse à la sortie du film.

Le Vent de la liberté (Michael Bully Herbig, 2018)
J'imagine que des profs d'allemand vont amener voir ce navet sur la seule foi du résumé. Une famille d'Allemands de l'est qui embarquent dans une montgolfière pour fuir à l'ouest, le tout avec la caution « tiré d'une histoire vraie ». Mais ils vont se retrouver devant un thriller qui cherche avec tous les moyens les plus racoleurs de créer du suspense : vont-ils réussir à passer ou vont-ils se faire prendre à la mitraillette ? Le jeu des acteurs, avec des regards fuyants qui clament haut et fort leur caractère suspect, est tellement outré qu'on croirait parfois qu'il s'agit d'une parodie, on s'attend à voir débarquer le groupe Scorpions au coin d'un plan et se mettre à changer Wind of Change. Palme du ridicule, les scènes à Berlin devant l'ambassade américaine. J'avoue j'ai ri à ce moment, c'est pourtant l'inverse que ce cinéaste allemand, qui est dans son pays connu comme acteur comique, a cherché à faire. Peine perdue.

Erased boy (Joel Edgerton, 2018)
Bien entendu qu'on est ému par le destin de ce jeune gay envoyé dans un « camp de concentration » pour subir des traitements de choc, d'autant plus que ce centre s'appelle Le Refuge. Or en France, l'association Le Refuge aide les jeunes homos virés de chez eux par leurs parents. Les méthodes décrites à grand renfort d'effets larmoyants sont censés convaincre que tout cela est atroce. Mais le film bute sur un détail important qui n'est jamais creusé : l'argent dépensé par ces parents bigots pour prétendument guérir leur rejeton de l'homosexualité. En scrutant l'aspect économique, capitaliste de ces centres, en démontrant qu'en tablant sur la crédulité de parents mal informés des escrocs les volent, le film aurait eu un impact plus grand au moins pour ceux qui ne cèdent pas au chantage du visage en gros plan plein de larmes pour être émus.

Genèse (Philippe Lesage, 2018)
Ni d'Eve ni d'Adam dans ce film québécois mais deux adolescents qui découvrent enfin leur Moi amoureux : Guillaume aime Alexis et le clame devant toute la classe. Charlotte préfère quitter son fade petit copain Maxime pour un mec plus âgé qu'elle et totalement inconséquent. Le tout se déroule un peu au lycée dans un pensionnat qu'on dirait d'un autre âge. Un peu à la fac. Un prof désobligeant fait la morale. On comprend pas tout si ce n'est l'envie du cinéaste de donner un aspect ultra formaliste à l'ensemble : chaque séquence montrant les rapports entres les jeunes sont coupés par une scène où l'on entend une chanson en mode intra-diégétique. On entend deux fois une chanson paillarde chantée par les personnages. Elle semble le seul lien entre le récit principal et la fin du film dans un camp scout où le jeune Félix tombe amoureux. Le film ressemble à tous ces cinémas formalistes récents (Yorgos Lantimas, Lynne Ramsay) alors qu'il espère devenir le nouveau Gus Van Sant. Calice, c'est raté.

Chamboultout (Eric Lavaine, 2019)
L'ambition depuis quelques films d'Eric Lavaine est de tourner le nouveau Mes meilleurs copains, le très agréable film de Jean-Marie Poiré. Il avait déjà tenté le coup avec Barbecue, sorte de sous Petits mouchoirs, il recommence ici avec José Garcia aveugle et amnésique, tout ce que le spectateur rêve d'être devant le film.

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