dimanche 21 avril 2019

Le Diable et les dix commandements (Julien Duvivier, 1962)

En 10 ans, depuis Le Petit monde de Don Camillo, Fernandel a pris du galon dans le cinéma de Julien Duvivier. Il est passé de petit curé du nord de l'Italie à Dieu, en toute simplicité. Tel un personnage qui se serait égaré d'un film que Pier Paolo Pasolini n'aurait pas encore tourné, Fernandel débarque dans une ferme gardée par un totem où tout le monde semble devenu bête et méchant, la mère qui peste avec sa canne, le grand-père (Gaston Modot) qui fait semblant de ne plus pouvoir marcher et la petite Marie au prénom ô combien religieux. Il se présente comme le Bon Dieu.

Fernandel arrive au bout de près d'une heure du Diable et des dix commandements film à sketches que le cinéaste a écrit avec René Barjavel, Michel Audiard et Henri Jeanson suivant les sketches. Il faut avant que le Bon Dieu n'arrive découvrir trois histoires pas franchement affriolantes. La première montre l'homme à tout faire d'un couvent (Michel Simon) qui ne cesse jamais de jurer (« nom de Dieu de nom de Dieu »), scandalisant les bonnes sœurs. Or, il s'avère que cet homme est un ancien camarade de classe de l’évêque. Il promet à son ami d'apprendre les 10 commandements et de ne plus jurer.

On quitte vite le couvent pour un milieu plus bourgeois autour d'une rivière de diamants disputées par deux amies, Françoise Arnaul et Micheline Presle. Cette dernière est délicieuse d'hypocrisie, elle dégage un air de faux-cul irrésistible. C'est cela qui fait tenir et qu'on n'arrête pas le film. Le troisième sketch avec Charles Aznavour en petit curé affronte Lino Ventura en malfrat irascible. Ce court récit cherche à développer un petit polar à travers les rues de Paris. Là encore c'est pas folichon et seule la voix off de Claude Rich incarnant le diable qui tente tous ces personnages semble s'amuser un peu.

En revanche, les trois autres sketches sont plus amusant. Celui de Fernandel en Bon Dieu puis celui avec Alain Delon qui croise le regard et le corps de Danielle Darrieux. L'acteur et l'actrice plus beaux que jamais jouent à un jeu du chat et de la souris qui effleure l'inceste puisque le personnage d'Alain Delon, censé être un étudiant, est à la recherche de sa mère naturelle. Il s'avère que c'est Danielle Darrieux qui incarne ici une comédienne à la mode aussi frivole que l'était le personnage de Micheline Presle dans le deuxième épisode. Quelle que soit la qualité des sketches (moyenne) et du film (passable), Julie Duvivier aime filmer les femmes libres.


Je termine avec le sketch le plus amusant, il passe d'Alain Delon à Jean-Claude Brialy avec une petite et sympathique pique du serpent diable pour la Nouvelle Vague. Jean-Claude Brialy travaille dans une banque mais rêve de ne jamais travailler. Il se fait braquer par Louis de Funès. Leur duo est inédit, il fallait y penser et fonctionne à merveille dans une opposition entre le jeune dandy le vieux roublard vitupérant. Il est de loin le sketch le plus drôle et le mieux rythmé comme si le cinéaste essayait de prouver après plus de 40 ans de carrière qu'il savait encore s'amuser comme un petit fou et varier ses plaisirs comme jadis dans Un carnet de bal.

























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