samedi 13 avril 2019

Hollow man (Paul Verhoeven, 2000)

Dans le cinéma de Paul Verhoeven c'est pas compliqué, il y a deux sortes de films, ceux qui vieillissent bien et ceux qui deviennent irregardables. Hollow man fait partie de la deuxième catégorie. Je ne suis pas certain d'avoir jamais revu le film depuis sa sortie, mince ça fait presque déjà 20 ans, ultime film hollywoodien du cinéaste hollandais, mais ce qui m'horripile dès les premières secondes c'est le jeu de Kevin Bacon. Un jeu forcé où l'acteur ne fait preuve d'aucune subtilité. Il faut dire que son personnage est un « excentrique » comme il le reconnaît dans une de ses répliques.

Il gagne bien sa vie ce Sebastian Caine. Soit un scientifique qui ne se déplace qu'en voiture de sport de luxe et avec musique à fond quand il s'engouffre à toute vitesse dans le lieu top secret. Ça servira pour plus tard dans le scénario quand Sebastian deviendra invisible et que les gardiens, des types pas très futés puisqu'ils ne sont que gardiens, reconnaîtront le savant grâce au hard rock qu'il écoute dans sa caisse. Le lieu des recherches se trouve dans un complexe de hangars et leur laboratoire est accessible par ascenseur, il faut descendre au sous-sol comme s'ils se rendaient en enfer. Attention, ceci est une métaphore.

Comme dans tout film de science fiction qui se respecte, les savants sont un peu mégalos et Sebastian ne déroge pas à la règle. Lui se voit comme un génie, la preuve qu'il en est un, il bosse sur l'assemblage de molécules sur son ordinateur. En 20 ans, la technologie a terriblement vieilli, cela aussi c'est l'apanage des films de SF, au moment du tournage ça fait moderne et des années après, ça fait toc et carton-pâte. Par chance pour le récit, il découvre en début de film le bon assemblage pour devenir invisible et il va s'en vanter auprès de ses collègues bien moins intelligents que lui. Hop, il se rend dans son labo sous-terrain au volant de sa voiture vrombissante.

Ils ne sont pas jaloux de lui, un peu quand même, ils ont surtout assez de son arrogance. Or Sebastian bosse avec son ex Linda (Elisabeth Shue). Quelle idée. D'autant qu'elle sort avec Matt (Josh Brolin) qui travaille aussi au labo. Le tout reste secret, comme une liaison à cause de la jalousie de Sebastian. Le film joue une grande part de son récit sur ce secret avec comme point de vue la voyeurisme, maladie obsessionnelle de Sebastian. Comme dans un film de Brian De Palma, il observe par les fenêtres ses voisins et une fois invisible, il va rentrer dans les appartements, tel un stalker. C'est ainsi qu'il découvre l'aventure entre Linda et Matt.

L'obsession sexuelle, le harcèlement et toute la grossièreté qui s'ensuit est la grand dada du cinéma de Paul Verhoeven mais c'est livré dans Hollow man avec une envie de revenir au temps de la science-fiction paranoïaque des années 1950 (on pense à Tarantula de Jack Arnold en regardant ce laboratoire peuplé d'animaux en cage), la peur rouge aurait été remplacée par la peur du sexe. C'était déjà avec cette idée que David Cronenberg avait tourné La Mouche, le sexe comme monstre invisible à Hollywood, Paul Verhoeven en note le caractère invisible dans Hollow man, son impossibilité de le mettre en scène.


Dans sa dernière partie, Hollow man fait penser à Alien, moins le film dans son ensemble qu'à la manière dont le bête extra-terrestre se met à attaquer les membres du vaisseau spatial. Le laboratoire est bloqué, personne ne peut plus en sortir, il devient une capsule exclue du reste du monde. Sebastian totalement invisible part à la chasse, il est devenu fou et décide d'éliminer. Dans cette façon de ne jamais savoir où il est est, d'où il peut surgir, le film prend un petit regain d'intérêt, et ça tombe bien, dans ces scènes d'action / suspense, on ne voit presque plus Kevin Bacon. 




















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