dimanche 7 avril 2019

20000 lieues sous les mers (Richard Fleischer, 1954)

La grosse surprise du chef c'est le rôle de fanfaron de Kirk Douglas, Ned Land ce marin qui montre ses biscotos et son tatouage sur l'épaule droite à qui veut, qui joue de la guitare pour divertir ses camarades, qui aime se bagarrer puis rire aux éclats de ses faits d'arme. Voilà l'homme jovial qui démarre 20000 lieues sous les mers. Ce type avenant va se trouver au « monstre », une entité inconnue, puissante et destructrice. Preuves à l'appui, cet œil qui s'illumine dans la mer, à travers les flots, flotte à toute vitesse vers sa proie et la fait exploser dans un fracas monumentale.

Le grand spectacle est à l’œuvre dans cette production Disney pour tous les publics où j'imagine que Jules Verne est quelque peu malmené au profit de l'action avec de nombreux effets spéciaux, dont certains sont signés par Ub Iwerks, comme le signale le générique. En décembre 1868 quand commence le film, la technologie balbutie et 20000 lieues sous les mers est le récit d'un groupe d'hommes plongés, littéralement, dans ce monde du futur, certains avec délices férus de sciences, d'autres avec méfiance.

Le marin Ned Land débarque dans ce Nautilus, ce sous-marin construit et dirigé par le Capitaine Nemo (James Mason) après un naufrage. Il n'est pas seul, dans son infortune il se retrouve échoué avec le professeur Aronnax (Paul Lukas) et son bras droit le bien nommé Conseil (Peter Lorre). Ned, avec tout sa bravoure – qui tournera parfois à l'inconscience – était parvenu à harponner le « monstre », ce qui a évité que le navire sur lequel ils étaient n'ait explosé, comme les autres. Par un juste retour de situation, les voici à l'abordage du Nautilus.

Rapidement, les caractères des quatre hommes vont tourner à la guerre des clans. D'un côté, Nemo et Aronnax, les deux scientifiques se fascinent l'un l'autre, mais quand le professeur est un idéaliste, un homme qui croit que la science peut faire avancer le monde vers le Bien, Nemo est cynique, sa personnalité dénote vite un nihilisme absolu. Son but, en détruisant les navires qui traversent les océans, ici dans l’hémisphère sud, dans l'océan indien, comme on le remarque sur la carte maritime, est de mettre fin à ce monde inique.

Tout avait commencé avec une description du monde sous-marin dans lequel Nemo vit. C'est d'abord une visite du Nautilus, de ses recoins où Ned et les deux autres observent les pièces. Dans les couloirs, c'est du métal, des tuyaux, des instruments en tout genre. Dans les appartements, tout est au contraire d'un grand raffinement. Nemo vit dans le luxe. Puis vient le repas où tout vient de la mer et cela intéresse le professeur Aronnax autant que cela dégoûte Ned qui ne supporte pas de devoir ingurgiter des algues et du poisson.

Il faut bien le dire, Ned, Aronnax et Conseil sont prisonniers. Mais seul Ned en a conscience. Pour l'instant, il se fait critiquer par les deux autres pour son avidité quand il découvre tous les trésors conservés dans le sous-marin. A quoi peut bien servir un kilo d'or si on n'a rien à manger, résume Aronnax comme Nemo. Mais ces joyaux, Ned les veut et dans sa cabine, il le dit à l'otarie apprivoisée qui semble être devenue sa seule amie. L'animal appartient à Nemo mais elle ne se trompe pas, elle reconnaît qui est l'homme le plus humain, Ned.

L'intrépide marin va trouver un allié inattendu, Conseil le falot aide de camp du professeur. D'abord servile à son patron, il comprend (comme l'otarie) que seul Ned a les pieds sur terre (en l'occurrence su mer) et ensemble ils vont s'unir contre Nemo. Une alliance de circonstances mais aussi un moyen d'apporter grâce aux facéties de Ned qui contrastent avec le caractère timoré de Conseil, d'introduire de l'humour. C'est un duo où les opposés font merveille, Conseil devient soudain plus courageux aux contact de Ned et Ned devient plus réfléchi dans ses actes.


En regardant 20000 lieues sous les mers, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que le film est un galop d'essai pour Le Voyage fantastique tourné 12 ans plus tard, les deux vaisseaux ont des ressemblances et les deux films plongent dans un monde inconnu. Ce qui est étonnant est l'absence de personnages féminins, certes le sous-marin n'est pas un lieu fréquenté par les femmes. Richard Fleischer ne cherche même pas un prétexte pour donner une partenaire à Kirk Douglas. Les producteurs de Disney ont dû penser qu'une otarie était bien assez pour le public d'enfants.

























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