mercredi 3 avril 2019

L'Héritage des 500000 (Toshiro Mifune, 1963)


Comme certains de ces pairs hollywoodiens de la même époque (Marlon Brando, Charles Laughton) aura réalisé en tout et pour tout un seul film, cet Héritage des 500000 qui sort cette semaine. Ces 500000, c'est le nombre de soldats tués en Philippines pendant l'occupation japonaise. Le film démarre sur quelques images d'archive sur la guerre, sur des bombardements et des combats avec une voix off solennelle qui lance le scénario que nous allons voir : le Japon a fait frapper 10000 pièces d'or avec les bijoux récoltés en 1942, cet or a été enterré par les derniers soldats et n'a jamais été retrouvé depuis 1945.

A la tête de ces soldats, Toshiro Mifune en personne, retraité de l'armée depuis 15 ans, chef d'entreprise très occupé. Il est Matsuo, bon père de famille qui rentre chez lui le soir et qui croise sur son chemin un riche homme d'affaires qui l'enlève presque. Matsuo est forcé à monter dans la voiture et se voit proposer un marché dont il ne sait pas encore qu'il sera de dupes, sans quoi le film n'existerait pas : retourner aux Philippines pour récupérer cet or et le rendre au peuple japonais en hommage à ces 500000. Matsuo serait le guide spirituel de cette aventure. Mais devant le refus de notre homme, il se voit forcer la main.

C'est ainsi que l'aventure commence, à travers les flots où une frêle embarcation accoste dans cette zone sauvage, ils traversent l'île en jeep. Ils, c'est-à-dire Matsuo, pas ravi d'être là, le commanditaire peu délicat et trois autres hommes, un type franchement antipathique, peu commode, autoritaire et en proie à des accès de violence et deux autres gars qui se vus promettre de l'argent pour cette mission. Passé le trajet en jeep, c'est dans la jungle que les hommes s'enfoncent, à pied, ce qui implique de la sueur, de la peine, des colères et des incidents de toute sorte, car le film est avant tout un film d'aventures à suspense.

Toshiro Mifune avec le statut d'idole du cinéma japonais qu'il avait en 1962 quand le film sort dans son pays ne peut pas incarner un homme veule, on a donc droit à tout une panoplie de l'honneur au fil des pérégrinations de ces hommes. A vrai dire, seul le commanditaire est peu recommandable, tous les autres personnages agissent parfois contraints mais ils possèdent en eux une part d'humanisme que l'appât de l'or n'a pas fait disparaître. Matsuo joue ainsi sur la psychologie de ces mercenaires, il les manipule tout en faisant croire qu'il se laisse manipuler. C'est sur ces deux plans, suspense de l'action remplie de rebondissements et psychologie un peu sommaire que cet unique film mène sa barque tant bien que mal. On appelle ça une rareté.

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