mercredi 5 septembre 2018

Les Poupées du diable (Tod Browning, 1936)

Dans La Fiancée de Frankenstein, James Whale faisait intervenir un savant à la science encore plus avancée que celle du Dr. Frankenstein. Ce Dr. Pretorius était parvenu à créer de toutes pièces des êtres vivants mais de la taille d'un lilliputien. Il les tenait chacun sous cloche de verre, histoire qu'ils ne s'échappent. Quelques mois plus tard, Tod Browning reprend cette idée de « poupée » vivante, le récit des Poupées du diable reste en Europe, à Paris. Mais après une ouverture de film dans une nuit noire où deux hommes s'échappent d'une prison.

Dont le créateur de ces poupées, un certain Marcel (Henry Walthall), savant aux cheveux hirsutes et aux yeux de fou. Il est accompagné de Paul Lavond (Lionel Barrymore), incarcéré depuis des années mais innocent. Il a été trahi par ses trois associés, trois hommes d'affaires, dont il cherche à se venger. L'invention diabolique de Marcel va lui servir à assouvir cette vengeance. Les Poupées du diable n'est évidemment pas le récit de la méthode utilisée pour réduire les humains mais celui de la mise en œuvre de cette vengeance.

Mais la bataille de Lavond est double, dans la restauration de son honneur perdu, il doit convaincre sa fille Lorraine (Maureen O'Sullivan) de son innocence. Elle a vécu avec sa grand-mère depuis ce temps, marnant comme lessiveuse sous la férule d'une patronne peu commode. Elle a un sympathique fiancé, Toto (Frank Lawton). Il ne résiste pas à la joie de la voir et pour cela, Lavond se déguise en vieille dame, perruque, vieille blouse et lunettes cerclées. Lionel Barrymore modifie sa voix, le ton est aiguë et chevrotant.

Le travestissement de Lavond agit comme la transformation de Jekyll en Hyde. En homme il est innocent mais recherché par la police, en femme c'est un meurtrier, c'est là que se joue la délicieuse inversion morale du film. Lavond manipule ses poupées par la pensée, Tod Browning filme en gros plan les yeux de son acteur, caché pour qu'il ne soit pas vu dans la nuit noire des rues sombres. Il commet des méfaits avec l'aide de l'épouse de Marcel, Malita (Rafaela Ottiano) à la mèche blanche qui évoque la fiancée de Frankenstein, pour appuyer la ressemblance entre les deux films.


Deux manières de filmer les poupées : la transparence simple. Les acteurs qui incarnent des poupées jouent sur des scènes filmées auparavant et projetées comme décor. Pour les scènes où les poupées « attaquent » les proies de Lavond, ce sont les décors qui changent d'échelle, les acteurs jouent au milieu de meubles et accessoires réels mais dont la taille devait être démultipliée. Dans un cas comme dans l'autre, l'effet est toujours appréciable et pour le spectateur de 1936, il devait être très impressionnant de réalisme.





















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