Mais
qui peut bien incarner cette fiancée de Frankenstein demande le
générique de cette suite tardive (4 ans après malgré l'immense
succès mais d'une longueur encore très brève, 71 minutes). Encore
une fois un point d'interrogation remplace le nom de l'actrice, mais
si à la fin du générique de Frankenstein, le nom de Boris
Karloff est écrit, à la fin de La Fiancée de Frankenstein
la question demeure, en tout cas pour le spectateur de 1935.
Cette
fiancée ne vient que dans les dix dernières minutes et avant cela,
James Whale a une idée géniale : replonger dans la genèse
même du récit, c'est-à-dire s'immiscer dans l'intimité de Mary
Shelley (Elsa lanchester), l'auteur du roman. Dans son château
gothique (qui ressemble beaucoup à celui dans lequel Henry
Frankenstein menait ses expériences, l'écrivaine passe une soirée
avec son époux, le poète Percy Shelley (Douglas Walton) et Lord
Byron (Gavin Gordon).
Ce
dernier demande à Mary Shelley de raconter comment cette histoire
lui est venu. C'est le moment idéal, l'orage gronde et les éclairs
se déchaînent. Mieux que cela, elle a imaginé une suite à cette
histoire, James Whale va la raconter. Et ce sera Elsa Lanchester,
reconnaissable à sa fossette au menton, qui jouera la compagne du
monstre en fin de film, une fiancée récalcitrante qui ne voudra pas
convoler en noces avec Boris Karloff.
Ce
qu'apporte La Fiancée de Frankenstein et qui manquait tant à
Frankenstein est une bonne dose d'humour grâce à Una
O'Connor, petite bonne femme sèche à la voix de crécelle. Elle a
pour fonction d'être la Cassandre, d'annoncer les malheurs de la
communauté. Personne ne veut l'écouter, que ce soit dans sa volonté
de finir de brûler le moulin où le monstre est enseveli ou quand
elle déclare qu'il est toujours vivant.
Elle
a raison, il s'est réfugié sous le moulin, dans l'eau et il revient
pour se venger de son créateur qui a du mal à se remettre de ses
expériences. Si Colin Clive rempile en tant que Henry Frankenstein,
son épouse Elizabeth est désormais jouée par Valerie Hobson. Le
film reprend son récit pile au moment où les noces doivent avoir
lieu. Plus question pour elle qu'il recommence à défier Dieu et
donne vie à une patchwork de cadavres.
C'est
sans compter sur le Dr. Pretorius (Ernest Thesiger). C'est sans aucun
doute lui le personnage principal de La Fiancée de Frankenstein,
il lance le nouveau récit, celui de la création d'une compagne pour
le monstre. James Whale présente un nouveau personnage en marge
(sans doute Juif, il porte une kipa) et aux manières délicates mais
étonnantes, comme déjeuner dans la crypte des mets raffinés
entourés de cercueils et de crânes.
L'une
des plus belles séquences a lieu dans le laboratoire du Dr.
Pretorius. Il montre à Henry Frankenstein l'avancée de sa
technologie et cela coïncide avec l'avancée des effets spéciaux à
Hollywood. En l'occurrence, cinq personnages miniatures, des
lilliputiens ont été créés par le savant et James Whale et son
équipe les filment à côté des personnages grandeur nature,
l'effet est merveilleux dans ces mélanges d'échelle.
Mais,
il faut bien que Boris Karloff, en tête d'affiche ait une partition.
Il devient parfois gentil et devient ami avec un aveugle qui lui
apprend à parler et à vivre en société. L'impression que le
monstre est devenu un grand bêta s'amplifie, tant de gentillesse est
écœurante. Il faudra donc tout le dégoût de sa fiancée quand
elle découvre l'homme qu'il est devenu pour que le film atteigne son
sommet horrifique dans la scène géniale des fiançailles ratées.
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