lundi 3 septembre 2018

Guy (Alex Lutz, 2018)


Nous avions Guy Bedos, Guy Marchand et maintenant Guy Jamet. Il est lui aussi une vedette (comme on disait) qui a commencé sa carrière dans les années 1960 et qui continue les galas à travers la France. Guy Jamet est un chanteur de variétés, il a eu des succès, ses chansons sont légères comme tout, elles racontent l'amour avec des couleurs, pas de noirceur dans les paroles ni dans les mélodies. Guy Jamet est un romantique au premier degré.

Guy est joué par Alex Lutz. Le jeune comédien joue un vieux chanteur avec un raccord de maquillage extrêmement bien fait (on est loin de Leonardo Di Caprio dans J. Edgar de Clint Eastwood). A qui ressemble ce chanteur ? Personnellement, je trouve qu'Alex Lutz s'est fait la posture d'André Dussolier, il en adopte la gestuelle mais aussi sa manière de parler un peu hachée, vaguement nonchalante avec des accélérations subites.

Il regarde la caméra, fixe son interlocuteur droit dans les yeux. Car le principe, rare en France, est celui du faux documentaire et ça marche, Guy est une belle réussite. Tout est filmé en caméra objective par un gars qui se prénomme Gautier (Tom Dingler) et qu'on ne verra presque jamais, il tient sa petite caméra et observe ce chanteur d'une autre génération. Gautier pense qu'il est le fils de Guy, c'est en tout cas ce que lui a dit sa mère depuis décédée (Brigitte Roüan en flash-back).

Guy a une vie bien remplie qu'il vit en Provence dans une villa dans les garrigues avec Sophie son épouse (Camille Arbillot), bien plus jeune que lui, une actrice série télé. Mais il vit surtout avec ses chevaux. Guy aime faire du cheval, cela le calme. Même si son médecin lui a interdit, à cause des assurances pour la tournée que Guy Jamet est en train de faire. Le chanteur est peut-être ringard mais il est encore en tournée.

C'est sur cette tournée que Gautier prend prétexte à filmer, avec des nombreux allers-retours en Provence. On suit la petite troupe, ses musiciens trentenaires, ses choristes, tous voyagent en car de ville en ville. Alex Lutz filme les concerts de son personnage et les chansons sont touchantes, c'est franchement gonflé parce qu'elles sont à l'opposé total de ce que je peux aimer, entre guimauve et cliché romantique, mais Alex Lutz les incarne avec prestance.

La présentation de clips d'époque avec Marina Hands ou Elodie Bouchez sont remarquablement reconstitués, on se croirait dans une émission de Maritie et Gilbert Carpentier. Nicole Calfan, épatante, est l'impresario de Guy, comme une sorte de maman aimante et compatissante. On a droit à une émouvante venue de Dani défiant le temps cinématographique et rendant hommage à cette époque où Alex Lutz devait découvrir toutes ces vedettes à la télé.

Un grand mouvement traverse le film. Le besoin inextinguible de Guy de séduire. Gautier filme un repas où il drague éhontément une certaine Nathalie, il n'en parlera pas à Sophie. Cette séduction s'applique aussi à Gautier. Guy veut tout à coup quitter le documentaire, se sentant jugé par le jeune réalisateur. Mais il ne peut pas résister à la force d'être au centre du film et revient, le film prend alors une allure mélancolique.

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