dimanche 9 septembre 2018

The Myth of the American sleepover (David Robert Mitchell, 2010)

Je voyais le DVD de The Myth of the American sleepover dans la bibliothèque depuis quelques mois sans que personne ne l'emprunte jamais et regarder Under the silver lake m'a poussé à me demander ce à quoi pouvait ressembler le premier de David Robert Mitchell, tourné quatre ans avant It follows (que j'avais beaucoup aimé, je vais le regarder à nouveau). C'est déjà un film aux multiples personnages et une virée dans un temps limité (une journée de la vie d'un ado) et un lieu circoncis (quelques lieux dans une banlieue proprette de Chicago).

Le sleepover est la soirée pyjama qui apparaît ici comme une institution aussi importante que le bal de promo dans les autres teen movie. L'âge des protagonistes varie peu, entre 14 et 17 ans et c'est la fin de l'été. Ce qui frappe de prime abord est la profusion des personnages et qui, volontairement, se ressemblent tous, que des ados d'une grande banalité. Personne n'a encore de téléphone portable, de smartphone plaçant le film dans un film d'époque, celle de la jeunesse du cinéaste probablement, comme un film vaguement autobiographique rempli de souvenirs personnels.

Parmi la vingtaine de jeunes garçons et jeunes filles du récit, il s'en détache quatre. C'est que le cinéaste choisit de plonger le spectateur directement dans ce flot d'ados, il ne les présente pas (mettons avec une voix off, avec une scène qui dépeint leur caractère). Voici Maggie, blonde décolorée, piercing qui observe le garçon de piscine, voici Pat qui flashe sur une blonde au supermarché, voici Scott le plus âgé jamais remis de sa rupture avec la reine de promo et enfin Claudia nouvelle venue au lycée.

Il n'arrive rien à tous ses personnages, David Robert Mitchell cherche à s'éloigner le plus possible du teen movie qui trouva son heure de gloire au milieu des années 1990, ce sont des micro récits sans importance. Il s'éloigne également des enjeux des films de l'écurie Judd Apatow, comme pour avec l'alcool. Les personnages de Supergrave passaient leur temps à acheter de quoi picoler, ceux de The Myth of the American sleepover boivent sans que l'on sache comment ils ont pu se procurer cette vodka et cette bière, jamais ils ne s'inquiètent de s'enivrer.

Aucun adulte ne vient interférer dans ces histoires que vivent ces jeunes gens, le film est un espace temps sans parents, il ne joue pas sur l'autorité qui viendrait altérer les rapports entre les personnages et sur les interdits (alcool, mixité, dépucelage). C'est un film plus proche d'Eric Rohmer que de John Hughes avec une direction d'acteurs minimaliste, celle des bras ballants et des voix blanches, finalement la manière dont s'expriment les adolescents un peu bêtas du monde entier. Ce qui passait pour de l'amateurisme se révèle être du réalisme.


Ceux qui ont vu Under the silver lake se rappellent la danse de la fille aux ballons, un moment de grâce similaire est dans The Myth of the American sleepover. Maggie met du jazz sur le transistor et se met à danser, comme une comédie musicale avec un grand sourire. Et l'eau tient une grande importance dans le film, l'élément révélateur de l'intimité de chacun, comme dans elle le sera dans les deux films suivants du cinéaste. Le film ne révolutionne pas le film d'ados mais il possède un ton singulier et doux pour faire exploser cette idée du mythe.




























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