vendredi 28 septembre 2018

It follows (David Robert Mitchell, 2014)

La banlieue de It follows est aussi calme que celle de The Myth of the American sleepover, aussi calme mais bien plus inquiétante avec ce plan séquence d'ouverture sur ces rues bercées par les feuilles jaunes de l'automne et cette jeune fille qui sort de chez elle, suit un trajet erratique dans la rue, va et vient de gauche à droite, affirme à sa voisine puis à son père que tout va bien, avant de s'enfuir en voiture pour terminer au bord de la mer. La nuit finie, elle se retrouve gisante, morte, une jambe brisée au dessus de son corps.

Comment en est-elle arrivée à cette position et pourquoi dans son agitation a-t-elle gardé son calme avant de mourir ? Le calme est ainsi le grand motif des films de David Robert Mitchell. Le cinéaste cherche à s'éloigner le plus possible de son époque ce qui mène à supprimer ce qui en est le signe le plus visible : le téléphone portable. Autre rejet, celui des parents à peine visibles, rarement évoqués, dans ces deux premiers films, ils sont absents, comme si les jeunes adultes de It follows étaient laissés seuls.

« Ça marche lentement, mais c'est pas stupide » dit Hugh (Jake Weary) à Jay (Maika Monroe). Ça est le it du titre, une chose que seuls Hugh et Jay peuvent voir désormais, une personne qui change d'apparence selon les circonstances. Hugh est le petit ami de Jay, un garçon bien sympathique. Sa sœur Kelly (Lili Pepe), leurs amis Paul (Keir Gilchrit) et Yara (Olivia Luccardi (on lui doit l'unique gag du film : « J'ai une idée » dit-elle « Quoi ? » demande Paul, elle pète avec un petit sourire narquois).

Hugh et Jay ont rendez-vous, ils vont au cinéma, une pause romantique entre deux baignades dans la petite piscine et l'ennui de banlieue. Hugh sort précipitamment de la salle quand il aperçoit une femme que Jay ne voit pas. Et Hugh et Jay couchent ensemble dans la voiture. Et enfin, Jay se retrouve attachée à une chaise dans une usine en ruine (David Robert Mitchell est le cinéaste des lieux dévastés). Il lui explique quand une femme arrive lentement vers eux, elle aussi verra quelqu'un arriver lentement vers elle.

Ce qui suit les personnages est un virus qui se transmet en couchant avec quelqu'un. Plus qu'une maladie, it est une métaphore de l'esprit puritain qui règne, de la sexualité, du passage vers l'âge adulte. Justement, Paul, amoureux des deux sœurs veut bien coucher avec Jay pour lui débarrasser de cet truc qui la suit. Elle refuse, elle doit penser qu'il a peu de chance de transmettre à son tour la chose, préfère aller vers un beau gosse qui trouvera facilement avec qui coucher. Le virus de la chose, de ce it, continue malgré tout à les suivre.


La marche de it donne son rythme au film avec des sursauts d'épouvante remarquables (en mode on sursaute). C'est cette balance de rythme, la lenteur où s'immisce une violence rapide qui donna sa force au film. Mais c'est la musique qui étonne. Elle est classique dans le genre de l'épouvante, toute en stridence, en instruments en corde. Composée par Rich Vreeland, elle enveloppe la nuit comme la jour (car it attaque quelque soit le moment de la journée) d'une aura énigmatique prolongeant l'angoisse sourde.























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