Depuis
des années, Paul Rudd a notre sympathie. On le soutenait quand il
était devenu le petit copain affable et mignon de Phoebe dans
Friends. On riait avec lui dans les joutes « You know
how I know you're gay » dans 40 ans toujours puceau de
Judd Apatow. On était choqué devant les sketchs Family Kissing du
Saturday Night Live. On était charmé de le voir si bien porter la
salopette dans Prince of Texas. Mais c'est surtout son
personnage de journaliste dans Ron Burgundy présentateur vedette
qui a tant fait pour son aura. Son visage si doux et son corps si
sexy pour composer un personnage si con, si abject, si macho. Et
depuis 10 ans, on attendait un rôle à sa mesure. C'est dire si on
attendait beaucoup d'Ant-Man, surtout au vu d'une bande
annonce bien foutue.
Récapitulons.
Ant-Man est le dernier rejeton de ces films produits par
Marvel et issus de leur univers. Le but du studio est de faire aussi
bien (en qualité comme en quantité de tickets vendus) que le génial
Gardiens de la galaxie (oui, j'ai bien écrit génial). Pour
permettre un crossover avec les films Avengers, le personnage
de Sam Wilson alias Falcon apparaît dans quelques scènes. J'avais
même oublié qu'il était dans Avengers. Paul Rudd est donc
un homme lambda avec ses soucis quotidiens qui sont accès sur la
garde de sa fille, son boulot et les relations avec le nouveau mec de
son ex. Pas de quoi devenir un super héros. Ou alors un mini super
héros. Le milliardaire Stark alias Iron Man n'avait pas de souci
d'argent, Ant-Man n'a que ça.
Le
film met un temps fou à démarrer. Il présente sans rythme (et
c'est franchement ennuyeux de longueur) comment cet homme deviendra
un homme de la taille d'une fourmi, mais avec des super pouvoirs. Il
est étonnant de voir que les scénaristes et producteurs puissent
encore penser qu'on ne sait pas comment fonctionne ce genre de films.
Depuis le Spider-man de Sam Raimi, on sait comment ça
fonctionne. Mais là est sans doute le gros souci d'Ant-Man.
Le film a été écrit par Edgar Wright. Gros problème car les films
de Wright fonctionnent sur un mode sériel. Ses personnages ont une
série d'épreuves à accomplir et le scénario les énumère toutes,
que ce soit les adversaires de Scott Pilgrim à affronter ou tous les
bars à visiter. Il aura fallu pas moins de sept scénaristes pour
supprimer l'aspect jeu vidéo au récit.
Paul
Rudd a bien du mal à faire entendre ses blagues comme à rendre
l'émotion devant ses soucis parentaux. Franchement qui va voir une
comédie d'action pour se retrouver devant un drame familial qui
cherche à nous tirer les larmes. Autre souci, le sidekick de Paul
Rudd, Michael Peña sort ses blagues comme Nick Frost (on imagine que
le rôle devait lui être attribué avant qu'Edgar Wright soit viré).
Tout tombe à plat. Et puis pour finir l'affrontement entre le patron
mégalo mais clairvoyant (Michael Douglas) et son héritier putatif
qui veut prendre sa place (Corey Stoll) ne repose que sur les
habituels clichés. D'autant que Corey Stoll ne fait pas dans la
demi-mesure pour incarner son rôle de super méchant. Mais après
tout, il est peut-être le seul à jouer ça comme dans un comics,
avec grandiloquence et inconséquence.
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