Le
générique d'Une femme est une femme
est composé de 27 cartons. Les rapports de Jean-Luc Godard avec les
génériques ont toujours été complexes. Certains de ses films n'en
comportent pas, parfois à peine le titre du film. Souvent, par une
volonté de mettre tout le monde au même niveau, il n'indique pas
quels sont les postes de chaque personne dont le nom apparaît. Ici,
le générique est programmatique de ce que sera le film, il annonce
absolument tout, comme s'il étalait son scénario.
Il
était une fois. Godard ne veut pas inscrire son récit dans le
réalisme que la critique de l'époque attribuait à la Nouvelle
Vague. D'où ce cadre Eastmancolor très large et anti-documentaire.
Il utilise pour la première fois la couleur pour son troisième film
et envisage le destin du personnages d'Anna Karina comme un conte. Le
conte sera cruel avec ces deux garçons qui se battent pour la belle
princesse.
Georges
de Beauregard est le producteur du film, en partenariat avec Carlo
Ponti (ces coproductions avec l'Italie étaient fréquentes).
L'amateur de jeux de mots qu'est Godard (et le film en regorge, des
couvertures de livres qui se répondent aux dialogues absurdes et
lourds de sens) affirme ici qu'il veut filmer le beau regard de son
épouse et vedette. Il ne la filmera jamais avec autant de passion et
de romantisme.
Après
un polar (A bout de souffle)
et un film politique (Le Petit soldat),
Godard fait une comédie. Il en donne les ingrédients. Le film sera
tout à la fois musical (avec des chansons de Michel Legrand). Anna
Karina joue une chnateuse de cabaret. Il sera donc aussi théâtral
(il enferme ses personnages dans un appartement et les fait circuler
au rythme des quiproquos et des portes qui claquent), un opéra avec
sa polyphonie sonore qu'il approfondit avec ses ruptures et ses
reprises.
Indiquer
le nom de Lubitsch au générique n'est pas une arrogance. C'est
l'indication d'un genre en soi, celui de la comédie du mariage, et
en l'occurrence pour marquer sa modernité, un comédie de la
maternité. Cette comédie sera sentimentale, ce qui ne veut pas dire
mièvre, mais d'une grande sensibilité. C'est une déclaration
d'amour puissante et candide qu'il fait à Anna Karina.
Trois
couleurs sont utilisée, bleu, blanc et rouge. Trois personnages sont
au centre du récit, Brialy, Karina et Belmondo. Leur nom de famille
s'inscrit sur leur visage extrait d'un plan de film. Le récit est
tout ce qu'il y a de plus français selon Godard : une histoire
d'amour entre une femme et deux hommes, dans un Paris populaire en
1961. Ces deux hommes sont deux facettes de la personnalité de
Godard. Anna Karina, dans son costume à la Bob Fosse, a droit à la
première image de cinéma juste après le générique.
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