jeudi 16 juillet 2015

Achille et la tortue (Takeshi Kitano, 2008)


Takeshi Kitano a de la suite dans les idées. Personne ne va voir ses films en salles au Japon pas plus qu’en France, mais il continue de faire des films sans se soucier le moins du monde de ce que l’on pourrait en penser. Il les finance sans doute avec ses émissions de télé en tant que Patrick Sébastien local. On nous dit qu’il est une grande vedette là-bas. On le croit sur parole. En tout cas, au cinéma, il poursuit son œuvre introspective sur l’art en général, et sur l’échec surtout de l’artiste.

L’art cette fois n’est plus le cinéma comme dans Takeshi’s et Glory to the filmmaker ! mais la peinture qui un autre lieu artistique dans lequel Kitano a pas mal œuvré. Quand je dis pas mal, c’est que je me rappelle les toiles que l’on pouvait voir dans Hana-bi par exemple. Achille et la tortue est la triste histoire d’un enfant, puis d’un adolescent et enfin d’un quinquagénaire qui n’arrivera jamais à vivre de son art. Tous lui conseilleront d’arrêter la peinture pour de bonnes ou de mauvaises raisons.

Achille et la tortue est au mieux un film d’une grande mélancolie au pire un constat déprimant sur l’échec artistique. Kitano commence son film en montrant que les couleurs des toiles dans l’univers grisâtre peuvent être une voie vers la liberté. Mais les couleurs envahissent progressivement tout dans la vie de Muchiso et l’emprisonne dans une vaine utopie. Il ne prend plus en compte l’avis de quiconque et va tuer sa vie sociale par ses actes désespérés pour réussir à se faire remarquer. Cette folie morbide – tout le film est traversé de morts – est similaire à celle de l’idiot du village. Certes, on se marre devant les essais artistiques de Beat Kitano, mais on rit jaune puis on serre les dents et enfin on est horrifiés par tant de cruauté. Cette horreur est constamment maitrisée, et comment. Le film est un bréviaire de la folie et encore une fois, Takeshi Kitano nous affirme qu’il ne faut pas suivre l’avis des critiques.




















Aucun commentaire: