samedi 15 février 2020

Charlot fait la noce (Charles Chaplin, 1915)

Du début à la fin de Charlot fait la noce, Charlot est complètement soûl. Pas un seul moment de ces 35 minutes où l'ivresse et l'alcool ne dirigent ses actes et ses pas. Il agit cette fois en binôme avec Ben Turpin, aussi alcoolisé que lui, pour agacer tous ceux qui se trouvent sur leur chemin et en tout premier lieu, dans les premières scènes, un type d'une classe sociale apparemment supérieure à la leur, si on compare les tenues de nos trois protagonistes.

Le monsieur en chapeau haut de forme et habit de gala se fait embêter par nos deux ivrognes devant le café où il attend sa belle. Il faudra qu'un policier vienne se mettre entre lui et eux pour qu'ils arrêtent de le taquiner. Ce n'est que momentanément. Dès qu'ils sont tous les trois dans le café, Charlot se montre très facétieux avec sa canne et s'amuse à faire tomber le chapeau du rupin. C'est qu'il n'aime pas les bourgeois.

La canne de Charlot tient encore une fois une place prépondérante dans le récit. On dirait même qu'elle vit toute seule. C'est d'ailleurs une dérèglement généralisé des objets qui constitue l'essentiel du burlesque du film. Les objets (cannes, brosse à dents, chemise, fontaine, livre) vivent leur propre vie, ils ne tiennent pas compte de la volonté de Charlot. C'est une idée géniale pour redynamiser le comique sur l'alcool si présent dans les films de Chaplin.

Peut-être est-ce tout simplement de pure vue d'esprit embrumé de Charlot qui fait que les objets vivent malgré eux. Chaque fois cela porte les gestes et les actes vers un sens proche de l'absurde, et pourquoi pas vers le surréalisme. Il ne s'agit pas seulement à Charlie Chaplin de tituber, de gêner ses voisins et les autres clients, tout ce que touche Charlot semble pris par l'ivresse et s'acharne d'abord sur les autres puis sur Charlot lui-même.


Le film marque l'arrivée dans le dernier tiers du film d'Edna Purviance. L'actrice jouera dans tous les films de Chaplin jusqu'à L'Opinion publique (sauf Charlot rentre tard puisqu'il est seul). Elle reprend à peu près ce que jouait Mabel Normand dans Mabel's strange predicament qui était la première collaboration entre elle et Chaplin : elle est vue par Charlot en pyjama et elle a honte, vieux ressort comique à peine réinventé ici.



















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