dimanche 10 février 2019

A cause des filles ..? (Pascal Thomas, 2018)


Il y a presque 30 ans de cela, le titre de la critique de Colette Mazabrard sur I want to go home d'Alain Resnais était « la modernité d'être vieillot ». C'est exactement ce que j'ai pensé en regardant A cause des filles ..? Deux des précédents films de Pascal Thomas (Nous allons vivre une très très grande histoire d'amour puis Valentin Valentin) étaient bercés par l'inexpérience de leurs jeunes interprètes, en tête Julien Doré et Vincent Rotiers. Etre vieillot passe chez Pascal Thomas par une forme d'apparence simple, le film à sketches, d'autres rétorqueront que c'est un film choral. Beaucoup d'acteurs, d'actrices, de comédiens et comédiennes, d'autres pas du tout acteurs mais qui semblent être des bons amis du cinéaste, Eric Neuhoff du Figaro qui converse au café ou Frédéric Beigbeder.

C'est par lui que le récit s'enclenche. Beigbeder ne dit pas un seul mot, rôle muet, comme le remarque astucieusement le générique de fin, mais en plus il se tire dès le début du film, juste après une cérémonie du mariage. En blanc s'il vous plaît. Une maîtresse à bord d'une voiture vient l'enlever. C'est donc une absence qui crée chez Pascal Thomas la narration. Tous les invités restent au repas de noces donné au bord d'une place ventée. Cette absence de ce qui aurait dû être le héros de A cause des filles ..? ramène chez chaque invité des souvenirs et ce sont ces histoires qui vont être montrées. Comme autant de récit sur la frustration sexuelle et amoureuse, des récits tournés vers le passé. Le film s'éloigne assez vite de l'aspect strictement choral pour une mise en scène plus souple et plus nuancée.

Aucune répercussion des récits les uns sur les autres. Mieux que cela, Pascal Thomas nous dispense de toute morale (on laisse à Alejandro Gonzalez Inarittu et autres nouveaux prodiges modernes). C'est le simple plaisir de la narration qui tient lieu de morale, et aussi le plaisir d'écouter une histoire bien racontée. Ça n'a l'air de rien mais j'en venais à penser qu'il n'y avait plus que Hollywood pour savoir raconter une simple histoire. Car attention, plus les histoires sont invraisemblables (celles de José Garcia, celle de François Morel et Rossy de Palma, celle de la prof délurée) plus Pascal Thomas les ancre dans un environnement familier (librairie, lycée, cuisine), la fantaisie en est irrésistible et vire, dans la dernière partie la moins réussie, dans un fantastique paradoxalement plus banal.

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