vendredi 26 octobre 2018

Le Convoi (Sam Peckinpah, 1978)

Des gros camions et le gros cul d'Ernest Borgnine, il m'en faut pas plus pour aimer un film. Oh, j'ai bien conscience que Le Convoi n'est pas le meilleur film de Sam Peckinpah mais c'est un road movie qui me divertit à chaque nouvelle vision. Ce que j'aime le plus dans le film est la chanson de C.W. McCall qui est entendu à plusieurs reprises, un nouveau refrain à chaque fois que le convoi franchit un nouvel état, Arizona (noon, midi), New Mexico (13h40) et Texas (dawn, l'aurore) et sur l'écran l'inscription de ce moment, agissant comme un chœur antique. Le morceau, écrit en 1975, parlé plus que chanté a inspiré le film dit le générique, C.W. McCall a adapté ses paroles pour Le Convoi.

Si la majorité des la musique est de la country, Sam Peckinpah se permet quelques fantaisies. Au beau milieu du film, une course poursuite démarre entre Dirty Lyle (Ernest Borgnine) et les nombreux camions qui ont rejoint Duck (Kris Kristofferson) et ses deux acolytes Pig Pen (Burt Young) et Spider Mike (Franklin Ajaye). Les camions semblent amorcer une chorégraphie, tels des petits rats de l'opéra, les images se superposent sur de la musique classique dans des fondus enchaînés, avant que la bagnole de flic ne fasse des roulades dans le sable du Nouveau Mexique, filmés au ralenti. Plus loin, cette chorégraphie recommence quand les camions virevoltent sur la chaussée.

Dans le désert blanc de l'Arizona, quasi virginal, le gros camion de Duck, de la marque Mack, traverse l'horizon. Melissa (Ali McGraw), dans sa décapotable, le double. Ils ne se connaissent pas, ils échangent des regards, ils roulent côte à côte, personne ne vient les déranger. Elle sort son appareil photo, sans arrêter sa voiture, lui son camion, elle le prend en photo. Moment de séduction seulement interrompu par l'arrivée d'un flic (pas encore Dirty Lyle) qui met une amende à Duck. Melissa est partie un peu plus loin et finalement s'arrête. Pour se débarrasser du flic et du PV, Duck lui affirme qu'elle ne portait pas de culotte, le flic retourne en vitesse dans sa voiture comme le loup devant la pin-up de Tex Avery.

Le grand blond au regard d'acier et la petite brune aux yeux noisette vont se retrouver plus tard dans un relais routier. On retrouve Pig Pen et Sipder Mike. On en apprend un peu plus sur Duck, mais grand chose à vrai dire. On comprend qu'une des serveuses du routier est son plan cul favori (même si elle est mariée). On apprend que Dirty Lyle est le premier flic à avoir mis une amende à Duck. Et que cela n'a jamais cessé depuis lors. La méthode de Lyle Wallace est peu honnête, il se cache derrière un virage pour piéger les routiers. Mais ce jour-là, sans doute parce qu'il a rencontré une jolie femme, Duck n'a pas envie qu'on le fasse chier. Le vicieux flic n'aurait jamais du lui tendre un piège, Duck entame son périple.

Le rythme du film suit celui des camions sur les autoroutes. Les chauffeurs communiquent avec la CB, canal 19, avec leur jargon typique. Comme tout le monde écoute et que Duck a une bonne réputation, le convoi ne cesse de croître. Tous les routiers ont un surnom évocateur, portent des tenues de redneck, sauf quand le chauffeur est une femme, là elle porte une coupe afro. Parmi les suiveurs un minibus avec une sorte de gourou peace & love qui chante des cantiques. Les nouvelles vont vite, d'état en état, la population soutient le convoi, les fanfares jouent à leur passage. Ils ont beau avoir passé de l'Arizona au Nouveau Mexique, Lyle les poursuit hors de sa juridiction, alertant ses collègues de ce qu'il considère comme une rébellion.


Ce rôle de leader charismatique mais ténébreux, Duck ne le revendique pas. Le gouverneur local (Seymour Cassel) qui cherche à devenir sénateur prétend le soutenir. Le conseiller en communication filme Duck pour la presse. Le FBI tente de discuter avec lui, mais ils ne parlent pas la même langue. Autant d'éléments comiques dans un film qui ne manque jamais d'humour. Tout ce que Duck veut est coucher avec Melissa qui l'accompagne dans sa cabine, il passe la majorité du film torse nu et ils s'échangent des regards érotiques (quand Duck fonce dans un barrage, Melissa semble avoir un orgasme). Pour revenir à ce que j'écrivais en début de texte, Sam Peckinpah a fait son 2001 l'odyssée de l'espace, un grand et beau film de camion avec Ernest Borgnine en flic ripou et attachant.



























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