vendredi 14 août 2020

The Crossing (Bai Xue, 2018)


Tout part d'une promesse entre deux lycéennes, partir au Japon à Noël pour voir la neige. Pour cela, il faut de l'argent, alors les deux adolescentes font des petits trafics à la fin des cours. Dans leur petit uniforme, jupe plissée, chemise blanche arborant le blason de l'école, Pei-pei vend des coques de portable, bien plus chers que sur Internet mais comme dit Jo à un garçon récalcitrant, il n'est pas obligé d'acheter.

Elles ont leur monde à elles Pei-pei et Jo, elles se réfugient sur un toit et rêvent de ce voyage. Comme dans tous les films avec des adolescentes chinoises, la cinéaste les filme avec plein d'espièglerie, de naïveté pour mieux pouvoir confronter le rêve et la réalité. Sur le toit, elles sourient, esquissent des cercles d'amitié, dans la rue, elles vivent des vies banales et un peu sordides entre Shenzhen et Hong Kong.

C'est essentiellement sur Pei-pei que le film se penche. Elle vit avec sa mère en Chine continentale, une mère peu aimante qui passe son temps à jouer au mahjong dans sa cuisine. Le bruit dure jusqu'à point d'heure, la mère termine écroulée après avoir tant bu. Le père vit à Hong Kong, il est garagiste. La jeune femme fait le trajet tous les jours, lycée à Hong Kong, domicile à Shenzhen, elle passe comme tant d'autres les douanes.

Pei-pei devient la personne idéale pour Hao. Plus âgé qu'elle qui n'a que 16 ans, ils se croisent grâce à Jo qui est sa petite-amie. Hao fait du trafic entre les deux entités, il passe des iPhone. C'est tout à fait par hasard que Pei-pei passe quatre smartphones mais son calme plaît au jeune homme tout comme à sa patronne, la très décontractée Madame Huo, aux cheveux bleus. Elle aussi joue au mahjong, voici la famille de substitution de Pei-pei.

Comme le dit bien le titre, c'est l'histoire de passage. Passage des frontières, passage d'une langue à l'autre, du mandarin au cantonais, passage de la petite fille bien sage à la délinquante tout ça pour gagner de l'argent pour faire se voyage avec Jo. Cette Jo à qui elle cache toute cette histoire, cette Jo si solitaire qui vit dans la maison vide de sa tante partie vivre en Irlande, comme beaucoup d'habitants de Jong Kong inquiets par la Chine.

Passage de l'adolescence à l'âge adulte. Les escapades de Pei-pei et Hao permettent de voir Hong Kong la nuit avec de belles scènes dans les quartiers populaires qui expriment un aspect documentaire au film avant que tout ne soit repris en main de fer par Pékin. Le plus beau plan est sur une colline qui surplombe Hong Kong, les deux amoureux observent les lumières de la ville. Comme un cri de désespoir, Hao crie « I am the King of Hong Kong ».

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