jeudi 13 août 2020

Major Dundee (Sam Packinpah, 1964)

La première fois que j'ai découvert chaque film de Sam Peckinpah, à peu près en même temps quand ils sont tous sortis en DVD dans leur première édition soir grosso-modo en 2005, je n'avais pas compris que d'une certaine manière Major Dundee, La Horde sauvage et Pat Garrett et Billy the Kid formaient une trilogie. Un thème commun, un long voyage en cheval entre deux ennemis de deux camps opposés mais qui se connaissent parfaitement, d'une vie d'avant qui est désormais révolue et où chacun avait pris des directions différentes.

Un shérif qui poursuit un braqueur de banque dans La Horde sauvage, deux anciens desperados l'un resté bandit l'autre devenu chasseur de primes dans Pat Garrett et Billy the Kid. Dans Major Dundee, le personnage éponyme que joue Charlton Heston est un soldat yankee envoyé dans le sud des Etats-Unis pour chasser un terrible chef Apache nommé Sierra Chariba. L'Indien a commis quelques massacres et personne ne veut plus aller à sa poursuite. Amos Dundee (son prénom est régulièrement employé dans les dialogues) va constiyuder une équipe.

Dans ce film post Guerre de sécession, les ennemis des soldats nordistes ne sont pas vraiment les Apaches mais plutôt les anciens sudistes confédérés. Amos Dundee va s'unir au Capitaine Benjamin Tyreen (Richard Harris). Jadis dans la même promo de West Point (comme dans le début de La Charge fantastique de Raoul Walsh), ils furent séparés par la guerre mais ils se connaissent par cœur, c'est ce qui fait la ligne narratrice de Major Dundee. Amos, le visage fermé, déclame la « carrière » de son ancien ami, Tyreen a toujours ce petit sourire en coin.

C'est étonnant de voir tant d'acteurs britanniques, je n'en connais pas vraiment les raisons. A la limite, si tous les sudistes étaient interprétés par des Britanniques ça se comprendrait, notamment pour marquer les différences d'accent entre le nord et le sud, celui du sud étant plus ampoulé. Mais l'un des nordistes, le jeune Tim Ryan est joué par Michael Anderson Jr est anglais. C'est un personnage candide – comme ceux que jouait Ben Johnson chez John Ford, un jeune puceau qui va coucher pour la première fois lors d'une fête au Mexique dans une de ces fameuses séquences de calme entre deux batailles.

Tim Ryan est le narrateur du film, l'auteur du texte qui sera entendu pendant le film, un texte un peu superflu mis ici pour créer un certain suspense puisqu'il parle de massacre dès le début. Un autre personnage est épatant, le Lieutenant Graham (Jim Hutton), pur produit des écoles militaires qui n'aime que l'ordre et la discipline mais va devoir bafouer toutes ses propres règles à commencer par voler des armes et des chevaux pour constituer cette escouade qui s'avère être à peine reconnue par l'armée.

Bref, le Major Dundee doit trouver des fortes têtes qui veulent traquer Sierra Chariba. Surtout des gars qui n'auront pas peur de mourir. Parmi les nordistes, on trouve un certain Samuel Potts que joue James Coburn avec un seul bras. Et pas d'acteurs fidèles du cinéaste, des deux côtés (L.Q. Jones, Warren Oates, Ben Johnson et Slim Pickens). Mais j'aime beaucoup la manière dont il harangue les sudistes. Après un beau discours un peu vache, il traverse la masse des sudistes qui s'écartent à son passage, ça me fait penser à Moïse qui écarte la mer rouge, ça m'a fait rire.

Je vois en fin de film une autre référence à la carrière de Charlton Heston. Il s'agit d'une dispute entre Tyreen et Dundee, ce dernier s'est fait tirer dessus « comme un sous-lieutenant » alors qu'il séduisait une Allemande (je vais l'impasse sur cette romance mal fagotée). Dundee est salement blessé et devrait rester au calme au camp mais il faut aller au Mexique sur le piste de l'Indien. Tyreen lui sort un « vous n'avez rien d'un Mexicain ». Immédiatement j'ai pensé à son rôle de policier mexicain dans La Soif du mal affublé d'une grosse moustache et le teint halé.


Comme avec Orson Welles, Charlton Heston avait choisi Sam Peckinpah pour ce film, avait fait en sorte que la Columbia ne sabote pas le tournage en coupant les vivres, bref, l'acteur assurait ses arrières dans sa volonté de varier ses rôles et personnages. D'après ce que j'ai pu comprendre, le tournage a été compliqué, Charlton Heston ne supportait pas le comportement de Richard Harris (un acteur que je connais très peu, j'ai vu peu de ses films). Il y a toujours, comme il y a 15 ans, quelque chose qui ne me satisfait pas dans Major Dundee, je préfère ses films suivants.
























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