dimanche 16 août 2020

Comédies de l'été au frais ou pas


En ces mois de juillet et août, les multiplexes ont sortis ces comédies qui devaient passer dans la période creuse du mois d'avril mai, juste avant le Festival de Cannes où les distributeurs expédient leurs navets, les films dont ils ne savent pas quoi faire et les films dont ils savent qu'ils recevront une critique désastreuse. Dans trois de ces comédies, le sujet c'est le divorce.
Adorables (Solange Cicurel, 2019)
Divorce club (Michael Youn, 2019)
Les Blagues de Toto (Pascal Bourdiaux, 2019)
Terrible jungle (Hugo Benamozig & David Caviglioli, 2020)

Dans Adorables, l'ambition est de singer La Boum, encore et encore le même scénario sur l'âge ingrat de l'adolescente qui se croit adulte et sur les parents qui comprennent rien. Il se pourrait sans doute qu'Elsa Zylberstein accepte les rôles refusés par Sophie Marceau tant la première imite les gestes et la voix de la deuxième. Les femmes du film sont présentées comme des chieuses, c'est même le sujet du film : cette angoisse que la fille ado devienne comme sa mère et que la mère devienne comme la grand-mère.

C'est très nul mais moins que Divorce club. C'est devant ce film que les féministes devraient manifester (encore faudrait-il avoir vu ce navet, pour ça il faut une bonne dose de masochisme et ne pas avoir peur de perdre son temps. Tout moi ça). C'est l'un des films les plus misogynes vus depuis des années où les femmes sont systématiquement traitées de « salope » par les hommes délaissés quand elles ne se soumettent pas à leur volonté. Des hommes Sans doute, Michael Youn voit là un hommage au « salope » de Jean-Pierre Marielle mais sérieusement, personne ne lui a dit qu'il fallait pas faire ça ?

Le réalisateur des Blagues de Toto aime les défis, il avait commis un film avec Kev' Adams et Franck Dubosc, le titre Fiston, autant dire qu'en ajoutant un S à la fin, on avait de quoi se moquer. Le Toto en question est ravi d'avoir des parents divorcés parce qu'il a deux fois plus de cadeaux à son anniversaire et autres billevesées. Là aussi, aucun gag ne fonctionne. Il se dégage une déprimante impression que les acteurs n'ont pas eu le temps de lire leur répliques avant le Moteur, ni que le réalisateur se soit posé la moindre question de rythme dans les gags. Les enfants jouent terriblement mal comme au bon vieux temps des films de Patrick Braoudé le modèle de ce genre de film.

Alors il faut se rabattre sur le Terrible jungle la seule comédie actuelle qui tienne un peu la route. Certes, on pense tout le temps à La Loi de la jungle d'Antonin Peretjatko devant Terrible jungle, ne serait-ce que parce que les deux films se déroulent en Guyane. Cette fois c'est un anthropologue qui va se perdre dans la jungle, mais on reste dans la norme qui était chère à Vincent Macaigne, puisque cet autre Vincent, Vincent Dedienne, espère dégager un semblant de normes dans la tribu sauvage qu'il étudie. Je ne suis pas franchement fan du comédien, je trouve qu'il n'a pas encore le tempo cinéma. En effet miroir de Vimala Pons, le choix d'Alice Belaïdi est pas mal, le même air buté, le petit short et la frange. L'actrice détonne en chef de tribu un peu méchante. Catherine Deneuve en mère navrée par les actes de son couillon de fils est superbe. En mafieux dans un corps d'ogre, Patrick Descamps est parfait, jamais un sourire, toujours cruel, tellement mieux que chez Lucas Belvaux. Mais le film est réussi dès que Jonathan Cohen apparaît, lui et sa bande de gendarmes abrutis. Il pourrait bien être le digne héritier d'Edouard Baer, mais un Edouard Baer qui ne se laisserait pas toujours déborder par ses improvisations. Toutes les scènes avec les gendarmes guyanais (notamment ce Fabrice) son drôles. Le film manque de liberté formelle, il se cantonne à son récit, ce qui veut dire que j'irai bien volontiers voir le prochain film de ce duo de cinéastes.

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