Mes
rapports avec l’œuvre, les films et le cinéma de Peter Jackson
sont limpides : je me suis ennuyé devant tous ses films. J'ai
atrocement souffert devant les trois parties du Seigneur
des anneaux (tu me diras,
pourquoi être allé les voir, je ne répondrai pas), même ses
anciens films, ceux tournés aux antipodes me laissent sur ma faim.
Seul Fantômes contre fantômes
m'amuse, et encore il m'est arrivé dans les quelques fois que j'ai
vu le film de m'ennuyer.
Si
j'étais un peu taquin, je dirais que j'aime parce que Robert
Zemeckis a produit le film. La présence de Michael J. Fox la star
des Retour vers le futur
et de Jake Busey le terroriste de Contact,
le fort en gueule de Starship
troopers, me plaît. Ils sont
ennemis dans Fantômes contre
fantômes, Frank Bannister
(Michael J. Fox) est un charlatan qui profite du deuil des gens pour
leur proposer de venir chasser les esprits défunts qui pourraient
hanter leur domicile.
Car
dans Fantômes contre fantômes, les ectoplasmes existent. Ils
sont donnés comme réels ce qui élimine immédiatement une
potentielle démence de Bannister. Aux yeux de ses voisins et
connaissances, il est un escroc mais Peter Jackson montre qu'il parle
à deux fantômes. Comme dira quelques années plus tard le garçon
de Sixième sens, je vois des morts. En l'occurrence deux gars
décédés à des époques différentes, l'un coincé dans les années
disco, l'autre plus récent, un grand noir et un blanc binoclard.
Sans
suspense dans son prologue, ou alors un suspense comique digne de
S.O.S. Fantômes, on apprend
que ce sont ses associés. Ils se glissent chez les gens, font
quelques tours plutôt gentils, soulever des objets, léviter un
bébé, rien qui ne porte vraiment à conséquence. Parce que
Bannister fait de la pub, directement au cimetière (et non pas à la
télé comme l'équipe des Ghostbusters
ou Beetlejuice),
les endeuillés l'appellent parce que la mort ne leur va pas si bien.
Le
ton de comédie est plaisant mais dans une maison voisine, une
présence sinistre hante les murs, soulève les tapis, fait peur aux
deux habitantes avec une grande violence. Les effets spéciaux pour
cette faucheuse qu'incarnera Jake Busey sans effets spéciaux sont le
must du film. Ce sont comme des ombres furtives et rapides, des
apparitions sombres toutes allongées, loin du comique troupier
(littéralement lors d'une scène de cimetière) des autres fantômes.
Avec
une jeune veuve qu'il a escroqué, la Docteur Lucy Lynskey (Trini
Alvarado), il va partir à la chasse à la faucheuse. Lucy avait fait
appel à Bannister malgré les réticences de son mari, mais le mari
a été fauché. Il erre comme tous les autres, incapable de causer à
Lucy. Et le mari est du genre pénible, prétentieux, alors on est un
peu content qu'il soit mort mais en tant que fantôme il est encore
plus pénible (là aussi ça passe par un certain comique enfantin).
Petit
à petit le film se transforme, il devient bien plus sombre quand la
faucheuse annonce son dessein : ce Bartlett, passé par la
chaise électrique était un serial killer. Il voulait battre le
record de morts de son vivant (avec succès). Il veut désormais
revenir pour battre à nouveau le record actuel, dépassé la
quarantaine d'assassinats en marquant le front de ses victimes au
cuter. Seul Bannister voit les chiffres des futures victimes quand
elles sont encore vivantes, seul lui les voit passer dans l'au-delà.
Le
rythme s'accélère progressivement quand la complice de Bartlett est
révélée, quand la chasse s'intensifie, quand les souvenirs
reviennent à Bannister. Peter Jackson est meilleur dans cette
frénésie d'informations qu'il donne, dans ce montage alterné entre
plusieurs réalités, entre le passé et le présent, entre les
vivants et les morts. Jake Busey en fait des tonnes tout comme cet
espèce de flic intransigeant, un grand sec en uniforme complètement
délirant et limite facho que joue, avec jouissance et grandiloquence
Jeffrey Combs. Ce sont les deux atouts du film.
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