mercredi 19 août 2020

La Guerre des mondes, le siècle prochain (Piotr Szulkin, 1981)

Avec astuce, le film est dédié à H.G. Wells et à Orson Welles, pour tout simplement rappeler à l'éventuelle censure polonaise que tout cela a été écrit et mis en scène à la radio avant guerre. Piotr Szulkin prend cette petite précaution pour ne pas trop fâcher de cher général Jaruzelski puisque le film est clairement une critique de son arrivée du pouvoir, de la répression de Solidarnosc dans une allégorie simple : les Martiens débarqués sur Terre volent le sang des Terriens.

Les voici ces Martiens, de toute petite taille, le visage argenté totalement fermé, portant un bonnet rouge et vêtu avec une doudoune qui les enveloppe. Ils sont toujours accompagnés de gardiens armés et solidement protégés par leur armure de plastic et de leur casque. Ce sont des humains mais qui obéissent au doigt et à l’œil aux Martiens. Ils accomplissent, comme tous les collaborateurs des forces d'occupation, les basses taches avec grand plaisir.

Le héros de La Guerre des mondes, le siècle prochain s'appelle Iron Idem (Roman Wilhelmi) que l'on voit pour la première fois avec son épouse (Krystyna Janda) dans une rue déserte d'une ville grise et ocre (comme c'était le cas dans Le Golem). Ils croisent deux enfants qui jouent au Terrien (en laisse) et au Martien (qui le bastonne), comme on jouerait au cow-boy et aux Indiens. Dès le plus jeune âge, ils reproduisent les gestes du quotidien des Martiens.

Tourné en polonais, le film dès cette première place ses personnages dans un univers en anglais. C'est-à-dire que toutes les affiches sur les murs sont en anglais, comme les slogans sur les murs, les enseignes et l'émission de télévision de Iron Idem. Car il est journaliste à la solde de l'entente avec les Maryiens, il délivre la propagande officielle avec une perruque blonde et un sourire forcé, le tout avec une musique tonitruante et des couleurs flashy.

Mais un jour, Iron Idem se voit refuser de lire le texte préparé. Son patron l'oblige à lire un texte truffé de mensonges. Idem n'aura pas beaucoup de répit. Dès le lendemain, les sbires l'arrêtent après avoir tronçonné sa porte d'entrée et mis son épouse dans un sac plastic. Le voilà dégradé de tous ses droits, comme cela se faisait quand on s'opposait à le ligne du parti. D'emblème du régime, il devient un paria de la société que tout le monde évite.

Il s'agit pour Piotr Szulkin de tourner avec ces quelques procédés de tourner en ridicule la marche du pouvoir. Effectivement, tous ceux qui agissent comme des contre-maîtres sont vils, mesquins, égoïstes. Pas seulement les flics, mais aussi le concierge, le patron de la télé, les commissaires. Chacun est caricaturé avec un esprit grotesque qui passe par les corps, les tenues, les uniformes, les postures et les dialogues.


Plus que la liberté de parole et de mouvement, Iron idem recherche sa femme, pure fantasme blond qu''il remplace par une prostituée qui sort tout droit d'un tableau de Edward Hooper (elle porte une grande robe robe qui laisse apparaître son dos). N'y arrivant pas, il tente de détruire tout ce qui a été sa vie, la télé désormais omniprésente, toujours à diffuser partout des nullités (du porno à la cantine par exemple) pour endoctriner le bon peuple.
































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