mercredi 9 mai 2018

La Révolution silencieuse (Lars Kraume, 2018)


L'année où j'ai passé le bac, comme les protagonistes de La Révolution silencieuse, j'ai lu le roman de Milan Kundera, « La Plaisanterie ». Cette plaisanterie écrite par un étudiant tchèque était la suivante : « L'optimisme est l'opium du genre humain ! L'esprit sain pue la connerie ! Vive Trotski ! » Les conséquences étaient désastreuses pour lui. En regardant ce nouveau film de Lars Kraume situé en 1956 (11 ans avant le roman de Kundera), je n'ai pas pu m'empêcher d'y penser.

Certes La Révolution silencieuse n'a pas la force du roman, comme Fritz Bauer un héros allemand, il traîne un léger académisme de la reconstitution. On est en 1956, à Berlin Est, tout est paré pour qu'on retrouve l'ambiance de l'époque, cette grisaille ambiante du quartier si bien nommé Stalinstadt. La première séquence montre deux des lycéens passer dans le secteur ouest pour avoir du bon temps et notamment voir un film qui n'est pas projeté en RDA.

Theo (Leonard Scheicher) et son pote Kurt (Tom Gramenz) ont découvert les actualités dans la salle de cinéma, comme cela se faisait à l'époque. Là, ils découvrent que les Hongrois se rebellent contre les Soviétiques. Soit tout l'inverse de ce que les journaux est-allemands écrivent. De retour au lycée, ils veulent en savoir plus. Direction la maison de l'oncle Edgar (Michael Gwisdek) avec leurs camarades de lycée, pour écouter la radio occidentale interdite en RDA.

Ils apprennent la mort d'un joueur de foot hongrois, le fameux Ferenc Puskas (qui d'ailleurs fuira son pays lors de la coupe du monde de Mexico). Pour soutenir la révolution hongroise, Kurt propose à ses amis de faire deux minutes de silence lors du court de littérature. Seul Erik (Jonas Dassler) n'est pas d'accord, mais la démocratie fait son œuvre et l'ensemble des lycéens fait cette pause silencieuse en début de classe.

L'enseignant sort furieux de la classe et va se plaindre au directeur du lycée. Ce dernier parvient à convaincre le prof en colère de ne pas ébruiter l'affaire. Las, c'est déjà fait, il s'est plaint en chemin à un de ses collègues, au grand dam du directeur qui sait très bien ce qui va se passer. Le spectateur lui va découvrir cette histoire, évidemment inspirée de faits réels. La machine à écraser les personnalités se met en marche.

La machine est menée d'une main de fer sans gant de velours par Frau Kessler (Jördis Triebel), immense blonde en costumes gris, fonctionnaire zélée du pouvoir socialiste qui va s’immiscer dans la vie privée des lycéens, les faire chanter, les séparer, les accuser, mentir pour les menacer, C'est le passé des parents des gamins qui surgit alors, l'homosexualité d'Edgar, le passé nazi du grand-père de Kurt, la travail du père de Theo,

Les élèves résistent à la pression, même Erik sans cesse craint par ses amis de dénoncer celui qui a lancé cette idée de la minute de silence. Le coup de bâton suivant vient avec l'arrivée du Ministre de l'éducation (Burghart Klaussner), c'est dans ces moments-là que le film devient le plus douloureux pour Kurt, Theo, Erik et les autres. On a là l'image du poids de la bureaucratie idéologique du totalitarisme.

Le film n'est pas dénué d'écueils, loin de là, il souffre notamment d'une histoire d'amour très indigeste et superflue. Lena (Lena Klenke) la petite amie de Theo, le plus éveillé de tous, le plus insolent, envisage une romance avec Kurt. Le personnage d'Edgar, le passeur d'informations en provenance de l'ouest, est largement sacrifié quand il se fait arrêter par la police politique de Frau Kessler.

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