vendredi 18 mai 2018

Barbarella (Roger Vadim, 1968)

Au nombre des films de science-fiction situés dans l'espace sortis en 1968, il n'y a pas seulement 2001 l'odyssée de l'espace (la science avec peu de fiction), on trouve aussi Barbarella (la fiction avec peu de science). Barbarella est d'abord un long générique où Roger Vadim fait s'effeuiller Jane Fonda, son épouse, pendant 5 longues minutes. Un critique regrettait que devant la beauté de l'actrice, on ne puisse se concentrer sur ce générique. Avec facétie, on remarque que certains noms viennent se poser sur les seins nus.

Le vaisseau de Barbarella est entièrement couvert de moquette ou de fourrure de couleur marron. Le poil tient une grande place. Mark Hand (Ugo Tognazzi) vient au secours de Barbarella en grand danger sur une planète peuplée d'enfants jumeaux qui l'ont capturée. Il porte un manteau de fourrure qu'il enlève pour révéler un torse velu. Inversement, Pygar (John Phillip Law), l'ange aveugle aux ailes blanches, vêtu uniquement d'un pagne, est totalement imberbe mais aussi asexué. Contrairement à Mark Hand qui fait découvrir l'amour charnel à Barbarella.

C'est que dans ce monde d'un futur très très lointain, l'amour physique a disparu. Il a été remplacé par des pilules. La guerre aussi a été abrogée, tout comme les armes. Un futur peace & love. La mission de Barbarella commandée par le Président de la planète Terre (Claude Dauphin) – ils se saluent en levant la main droite et disent « amour » – est de se rendre sur une planète pour retrouver Durand-Durand. Ce Terrien s'est égaré dans un autre coin de la galaxie. Hop, Barbarella dort 150 heures pendant que l'ordinateur central la conduit là-bas.

C'est aidée par Pygar après avoir reçu de précieux conseils du Professeur Ping (Marcel Marceau, oui il parle) que Barbarella va à la recherche de Durand-Durand. Elle traverse un labyrinthe peuplé d'êtres bloqués dans leur vie, incrustés dans des rochers (en carton-pâte, une probable référence qu'on retrouve dans Les Garçons sauvages), les regards vides de désir. Ils sont prisonniers du Grand Tyran (Anita Pallenberg), aussi brune que Barbarella est blonde, toutes les deux ont en commun d'être habillées très sexy, justaucorps et talons hauts.

Dans le palais du Grand Tyran, le Concierge (Milo O'Shea) met des bâtons dans les talons de Barbarella, lui tendant un piège diabolique : elle se retrouve dans une cage de verre (à moins que ce ne soit du plastic) remplie de petits oiseaux colorés qui l'attaquent. Elle sera sauvée par Dildano (David Hemmings), un résistant totalement incompétent. Il ne parvient jamais à faire fonctionner ses appareils électroniques pour communiquer avec ses amis. Dans une partition burlesque, David Hemmings est très loin de son rôle dans Blow up.


Peu importe le scénario (écrit à huit tout de même) et ses multiples invraisemblances et incohérences, le kitsch constant des décors (le palais du Grand Tyran et ses femmes qui fument « l'essence de l'homme », un homme nu batifole dans l'eau d'un bassin), la musique hippie (celle Michel Magne a été refusée), les effets visuels (une grossière imitation du voyage finale de 2001) c'est précisément cette folie qui donne parfois son charme désuet à Barbarella, ode à la liberté sexuelle, chanson d'amour de Roger Vadim à Jane Fonda.























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