jeudi 31 mai 2018

La Guerre des yokai (Yoshiyuki Kuroda, 1968)

Oh quel vilain monstre que ce Daïmon ! De couleur verte, le visage allongé avec quatre dents pointues, des ailes et des écailles et une ceinture ornée de crânes, il apparait par magie au Japon. Daïmon a été réveillé dans les ruines de Babylone par deux pilleurs de tombes qui cherchaient des trésors. Pour se nourrir, il boit le sang des deux pillards dans un déchaînement de tonnerre et d’obscurité créant le chaos là où il se trouve.

Le premier méfait de Daïmon est de s’emparer du corps du gouverneur, un homme extrêmement bon qui devient soudainement acariâtre et injuste. Sa fille et son serviteur ne le reconnaissent plus, du moins ne reconnaissent plus son comportement. L’aspect du gouverneur est là mais son âme est démoniaque. Si les humains ne s’en rendent pas compte, un kappa, yokai vert au crâne plat, qui réside dans la marre du domaine s’aperçoit de la présence du démon.

Kappa décide de demander de l’aide à ses compagnons yokai qui vivent dans la forêt. Mais ni la femme blafarde au cou étirable, ni la grosse tête au visage triste, ni la femme aux deux visages ou le parapluie qui tire la langue ne le croit. Seulement voilà, Daïmon est en train de tuer et boire le sang des villageois, en appréciant tout particulièrement les enfants. Quand deux gamins, menacés, se réfugie dans la forêt, les yokai sont bien obligés de croire Kappa.

Plus abouti que La Malédiction des yokai, La Guerre des yokai fait une plus grande place aux monstres qui sont présents pendant tout le film. Ils arrivent progressivement dans le récit, jusqu’à n’être plus qu’entre eux quand ils doivent combattre, non sans mal, Daïmon, monstre étranger que la grosse tête au visage triste veut défaire pour que les monstres japonais gardent leur fierté. Dans le combat final, Daïmon se démultiplie pour affronter les centaines de monstres.

Les yokai sont désormais dotés de la parole. Kappa est celui qui cause le plus, souvent en fatiguant ses congénères. Seul le parapluie est privé de langage, s’exprimant par borborygmes. L’ajout par rapport au premier film est l’humour constant. Kappa affronte Daïmon dans une scène burlesque où son crâne plat frotte les murs jusqu’à s’enflammer. Les yokai ont presque tous des comportements d’enfants qui ne se rendent pas compte du danger.


L’autre apport du film est sa grande beauté plastique. Si les déguisements des monstres restent très simples, les effets spéciaux, qui datent certes de 1968, sont agréables à regarder. Le film joue sur les transformations de Daïmon en gouverneur et vice-versa, sur les changements de temps (passage du soleil à l’obscurité) et sur les ombres chinoises, les effets de surimpression et de transparence.



















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