jeudi 23 janvier 2020

Scandale (Jay Roach, 2019)


A Fox News, le slogan est « fair and balanced », juste et équilibré et quand le grand patron Robert Ailes (John Lithgow, complètement méconnaissable comme l'était Christian Bale dans Vice) demande à une jeune journaliste ce qu'elle pense de ce slogan, elle déploie tout un argument qui montre bien que les news données dans la journée sont justes et que les opinions conservatrices des animateurs sont là pour équilibrer leur absence sur les autres chaînes infos des Etats-Unis.

Ce sont bien entendu que des arguments, la jeune femme Kayla (Margot Robbie) qui se dit conservatrice sait qu'ils ne valent rien, mais elle les avance pour détourner les sens des mots, elle détourne comme certains détournent la loi. Jamais Fox News ne donnent d'opinions équilibrées, c'est bien tout le contraire et jamais Fox News ne fait que donner des informations justes, la chaîne infos choisit certaines informations pour ses spectateurs.

Le rôle de Robert Ailes est minutieusement décrit dans les premières minutes de Scandale. Il regarde toutes les émissions (comme le fait Donald Trump parait-il) et dès que quelque chose ne lui pas, dès qu'une info n'est pas dans la ligne du parti, il grogne. Il y a quelque chose d'absolument formidable dans le film de voir combien cet homme règne en tyran sur la chaîne, avec une simple voix off, on découvre ces coulisses sur un mode surréaliste.

Si je mentionnais plus haut Vice d'Adam McKay, c'est que le nouveau film de Jay Roach s'en approche. Il faut se le rappeler, Jay Roach a jadis tourné les 3 Austin Powers mais aussi Mon beau-père et moi. Il s'est lancé dans le film politique avec Trumbo. Il emprunte beaucoup à Adam McKay dans ce style alerte (on se souvient que Margot Robbie venait justement présenter quelques faits « documentaires » dans The Big short.

Jay Roach s'en sort bien dans Scandale, au moins dans sa première heure qui décortique avec ironie les coulisses de la chaîne. Le rôle de chacun, journalistes, présentateurs vedettes, patron. Mais mieux que ça, le film établit au sein de ce building de l'ouest de Manhattan où se trouve le pouvoir et où se trouve le placard. Le pouvoir c'est dans le bureau de Robert Ailes dont les portes sont tenues par un cerbère féroce (géniale Taylor Holland, comme chaque fois).

Le placard c'est l'émission de Gretchen (Nicole Kidman), qui a justement comme assistante Kayla qui se verrait bien monter les échelons. Gretchen n'a pas été virée de Fox News, non, Ailes a choisi de la mettre dans une case sans téléspectateurs. C'est par elle que le scandale va commencer, ce scandale, elle veut le dénoncer, ce scandale c'est Robert Ailes qui fait tourner ses présentatrices dans son bureau pour regarder leurs jambes. Harcèlement sexuel.

Là encore, le film décortique le système de l'image de Fox News. Ailes est persuadé que pour accrocher le chaland, il faut montrer les jambes de ses présentatrices. Il fait remonter les robes et raccourcir les bureaux. Et il fait passer des auditions. Mais ce qu'on remarque surtout à l'image, ce sont ces trois actrices vedettes, Nicole Kidman, Margot Robbie et Chalize Theron dont je n'ai pas encore parlé. Elle joue Megyn Kelly.

La deuxième heure du film se concentre sur elle et son combat anti Trump lors des primaires de 2016 puis de la campagne électorale. Le film est encore vaillant mais moins percutant que dans sa première partie. Scandale cède à quelques facilités narratives mais reste dans la démonstration du pouvoir qui encercle ces femmes, ces trois vedettes et d'autres encore dans des plus petits rôles. Ceci étant, c'est très plaisant de voir d'affreux conservateurs être si bien raillés.

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