mardi 28 janvier 2020

Le Poulet (Claude Berri, 1963)

En presque cinq ans de blog, je n'ai jamais écrit une ligne sur un film de Claude Berri. J'ai des bons souvenirs devant ses films, Jean de Florette est l'un des rares films que j'ai vu au cinéma quand j'étais adolescent (oui, j'allais rarement voir des films), j'ai toujours aimé Le Maître d'école (ah, le « ces tam-tams de Balasko) et Je vous aime m'a marqué tout autant que certains films de Bertrand Blier. Et puis j'aime parler des films et des cinéastes dont personne ne parle plus, alors me voilà lancer dans une longue rétrospective Claude Berri.

Je commence bien naturellement par Le Poulet tourné en 1963 et qui reçut un Oscar en 1965 (finalement son unique récompense – ou presque). Court-métrage de 16 minutes sur une charmante famille, le père (Jacques Marin), la mère (Viviane Bourbonneux) à l'embompoint qui témoigne de leur sympathie tout autant que de leur condition modeste et le gosse (Martin Serre). Tout commence comme un film modeste, la petite famille se réveille. La mère prépare le café, le gosse va vite faire du tricycle dans la cour et le père traîne au lit.

C'est dimanche, au lieu d'aller à l'église, ils grimpent dans la 2 CV (maman est derrière) pour aller visiter une ferme (des connaissances de la famille). Le gosse va choisir un poulet, il le prend dans ses bras, il veut en faire son animal de compagnie. Quel sourire au milieu du visage de l'enfant. Le sourire est d'ailleurs l'une des marques de fabrique de ce film. La mère avec sa dentition défaillante, le père avec sa moustache, il y a de la tendresse dans ces portraits que Claude Berri fait de cette femme, de cet homme et de cet enfant.

Le gamin demande ce qu'on va bien faire du poulet. Le manger répond le père. Les poulets ça se mange parce que ça ne pond pas, les poules ça se mange pas parce que ça fait des œufs (justement, ils mangent des mouillettes ce matin-là). Le père et la mère se lèchent déjà les babines du poulet du dimanche. Ça cogite dans le cerveau du gosse. Il faut qu'il trouve une solution pour garder ce poulet qu'il chérit. Il lui faut agir vite, le poulet est prévu pour très vite. Tout va venir des œufs que le gosse va venir mettre sous le cul du volatile.


Puisque le film prend la forme d'une gentille fable, le gosse parvient à convaincre que le poulet est une poule, jusqu'au moment où le matin le père est réveillé par les chants du coq qui commence à émerger du poulet. La fable c'est la perte de l'innocence du gosse, c'est la découverte de la cruauté de la vie. Le ton de la comédie traverse tout le film, je ne le connaissais pas ce plaisant court-métrage qui mêle habilement un certain réalisme, celui de la France sous Charles de Gaulle, avec une bonne dose de fantaisie.
















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