samedi 11 janvier 2020

First love (Takashi Miike, 2019)


Takashi Miike a été à la mode. Jadis. Par exemple, en 2004, j'ai vu au moins quatre films de Takashi Miike en salles, les 3 Dead or alive et Gozu. Dès qu'un DVD sortait (par exemple Ichi the killer), dès qu'un festival passait un de ses films (par exemple Big bang love juvenile A), les fans dont je faisais partie se précipitaient pour voir ces films. Mais Takashi Miike n'est plus à la mode. Son dernier film sorti avant First love date de 2011, Hara kiri, mort d'un samouraï. En 8 ans, il a tourné 16 films.

Ce qui frappe, c'est la ressemblance du scénario de First love avec celui du Lac aux oies sauvages. Tout se passe de nuit dans une unité de temps, deux inconnus – un homme et une femme – se rencontrent sans se connaître et doivent faire face à l'adversité, ici aussi des malfrats et des policiers. Là encore, il pleut souvent mais moins que dans le polar de Diao Yinan. Mais assez vite, le ton de First love et son esthétique divergent radicalement du Lac aux oies sauvages. Pour faire simple, Takashi Miike propose une comédie burlesque au milieu des yakuzas.

En tête du film, un boxeur loser qui s'effondre par KO lors d'un match. Lui est persuadé d'être bon , mais pendant tout le film, tandis que les personnages s’agglomèrent au récit, tout le monde va lui reprocher d'être un minable et de s'être effondré par un coup droit « mollasson ». Plus tard dans la nuit, le boxeur va croiser une jeune femme junkie, camée jusqu'au dernier degré. Elle est prisonnière de malfrats qui la prostituent, tout ça pour rembourser une dette que son père aurait contracté. C'est lui qui a vendu sa fille.

Qui croise-t-on dans les rues mal famées de Tokyo ? Un flic corrompu, un yakuza qui tranche la tête de ses victimes au sabre, les geôliers de la jeune droguée, le père de cette dernière qui va danser en slip dans le métro et d'autres encore. Il faut dire la vérité, dans la première demi-heure de First love Takashi Miike se plaît embrouiller les intrigues, à passer d'un personnage à un autre, à ne pas expliquer ce qui se passe. On est un peu perdu d'autant plus qu'il refuse la psychologie. Là est plus grande différence avec Le Lac aux oies sauvages.

Ses hommes et ses femmes qui peuplent son film ressemblent à des figurines de bandes dessinées. Ils sont liés par un motif ténu : cinq paquets de drogue ont été volés. Tout le monde veut récupérer cette drogue et chacun élabore des plans qui vont lamentablement foirer. C'est dans ces échecs que réside l'essentiel de l'humour du film. Ces échecs lancent une nouvelle course poursuite avec une nouvelle piste narrative. Le récit bifurque sans cesse pour finalement retomber sur ses pattes car Takashi Miike maîtrise son film de bout en bout.

Le finale, hilarant mais ultra-violent, se déroule dans un supermarché dans un hommage simultané à George A. Romero (tous les personnages ressemblent à des zombies, ils ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes, hagards, titubants, s'exprimant par grommellements) et à Sammo Hung / Jackie Chan (on utilise les objets du quotidien pour se battre). Dans ce combat final, il ne s'agit que s'éliminer les uns les autres. Tous les protagonistes se rejoignent pour en finir. C'est cela le cinéma de Takashi Miike que j'aime.

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