samedi 21 janvier 2017

Ishtar (Elaine May, 1987)

Au nombre des films qui ont été des bides retentissants dans les années 80, il n'y a pas seulement Howard the Duck de Willard Huyck, Coup de cœur de Coppola ou Les Aventures du Baron de Munchhausen de Terry Gilliam, il y a aussi Ishtar. En haut de l'affiche, Dustin Hoffman, oscarisé pour Kramer contre Kramer en 1979, Golden Globe du meilleur acteur pour Tootsie, pas de film pendant 5 ans jusqu'à Ishtar. A ses côtés, Warren Beatty enfin reconnu pour son sérieux grâce à Reds en 1981, Oscar du meilleur réalisateur, pas de film pendant 6 ans jusqu'à Ishtar. Et entre ces deux vieux briscards de Hollywood, Isabelle Adjani dans un second rôle.

Et que fait jouer la cinéaste Elaine May à ces deux icônes de Hollywood ? Des chanteurs minables et sans le sou. Ils s'appellent Chuck Clarke (Dustin Hoffman) et Lyle Rogers (Warren Beatty) et sont persuadés d'être de fameux compositeurs de chansons populaires. On les découvre, Chuck au piano tenter une mélodie, Lyle debout derrière lui improviser quelques paroles. Tout les inspire, des choses les plus triviales autour d'eux à l'amour le plus romantique. Et question amours, les deux amis ne sont pas vernis. Leurs épouses les larguent, lasses de les entendre écrire leurs médiocres morceaux et se prendre pour des génies.

Comme pour un nanar, les chansons (composées par Elaine May et Paul Williams, auteur de la partition de Phantom of the Paradise) sont des merveilles navrantes mais rigolotes. Elles sont l'attrait majeur d'Ishtar, les moments les plus comiques tellement les deux acteurs se donnent à fond dans ces interprétations. Lyle est raide comme un piquet, Chuck entame un pas de danse, ils sont affublés d'un bandeau sur le front. A la fois Simon & Garfunkel sans la conscience politique et Bruce Springsteen sans le rock. Ils croient faire un tabac mais ils ne voient les visages navrés du public. Ils veulent enregistrer un album.

Pour cela, ils décident de faire appel à un impresario encore plus tocard qu'eux. Marty Freed (Jack Weston) est un bon gros qui clame à ses deux futurs clients qu'il va en faire des stars. Jusqu'à ce qu'il les entende chanter et jouer. Il leur propose d'aller jouer au Honduras pour remplacer le groupe qui vient de se faire trucider par des rebelles pour 75$ la semaine, une fortune là-bas. Ou alors d'aller jouer au Maroc pour 95$. Chuck a le sens des affaires, il choisit d'aller au Maroc, et les voilà tous les deux embarqués dans une aventure dont ils ne maîtriseront jamais les tenants et les aboutissants, tout en parvenant à chaque coup du sort à s'en sortir.

Ishtar est le nom d'un pays imaginaire où les deux ringards atterrissent. Au milieu d'une cohue indescriptible due à l'état d'urgence instauré par l'émir local pour faire peur à ses opposants – qu'il traite évidemment de terroristes – Chuck tombe sur une résistante à l'émir, Shirra Assel (Isabelle Adjani) que Chuck prend pour un homme qui le drague (il est bigleux ou quoi?). Shirra est à la recherche d'une carte ancestrale que son frère, archéologue, a trouvé dans des fouilles (un soupçon d'aventures à la Diamant du Nil mêlé d'Indiana Jones). Cette carte sera le MacGuffin de Ishtar, pur prétexte à lancer les deux chanteurs dans un récit d'espionnage.

Comme dans une parodie, la ville grouille d'espions habilement déguisés en djellaba et lunettes de soleil. Un agent de la CIA pas très finaud (Charles Grodin) conseille Chuck sur les dangers des communistes tandis que l'émir veut s'allier à Kadhafi. Lyle veut acheter un chameau aveugle. Puis ils partent au milieu du désert déguisés en bédouins. La géopolitique se transforme en course poursuite de splastick et le film se termine sur un improbable concert de Lyle et Chuck devant des soldats médusés, sans aucun doute à l'image des spectateurs de l'époque. 30 ans plus tard, alors que je découvre ce film, j'ai trouvé ce burlesque hilarant.



















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