dimanche 22 janvier 2017

Charlot policeman (Charles Chaplin, 1917)

Le rythme des tournages des films de Charles Chaplin ralentit considérablement en 1917, quatre courts-métrages seulement dont Charlot policeman sorti le 22 janvier 1917. Pour la première fois, Charlot endosse le costume du policeman, lui qui dans ses films précédents ne cessait jamais de fuir les flics, institution sans cœur, force de répression et de bêtise à ses yeux. Mais Chaplin est malin, si son personnage d'indigent devient policeman, c'est pour échapper à la famine et sûrement pas par conviction ou par idéalisme.

Son chef lui assigne un secteur : Easy Street, quartier pauvre de Los Angeles où une femme famélique est obligée de voler des denrées à l'épicerie pendant que le patron pique un roupillon. Elle enveloppe les victuailles dans son tablier et Charlot croit qu'elle tient son bébé. Il le caresse avant de comprendre la situation. Ni une ni deux, parce qu'il a un bon fond, il va chercher, sans payer, d'autres aliments. Puis, avec la jeune fille de la mission chrétienne (Edna Purviance), il rend visite à un couple très pauvre et ils donnent à manger à leurs huit enfants.

Il croise Edna dans la scène d'ouverture. Il est assoupi devant la mission, il est éveillé par Edna qui chante pendant qu'elle joue de l'orgue, puis entre dans l'église. Le coup de foudre ! Il tente de voler la quête mais se ravise, voulant montrer qu'il est un homme bien. A l'opposé d'Edna, il doit affronter le terrible Eric Campbell qui règne sur Easy Street à coups de poing. Il ne fait pas peur seulement aux autres habitants, avec sa carrure imposante, mais aussi à tous les policemen qui ne semblent pas faire le poids. C'est sans compter sur Charlot.

Il a beau lui taper sur la tête avec sa matraque, rien n'y fait, mais il a plus d'un tour dans son sac et un lampadaire à gaz devant lui. Il asphyxie le colosse et reçoit les félicitations de son chef. Jusqu'à ce que Campbell se réveille et poursuive Charlot dans un minuscule appartement où tout le mobilier sera détruit par les deux combattants. La joute entre Eric Campbell et Charlie Chaplin, le costaud et le minus, est fondée sur l'esquive, sur les glissements des deux hommes entre les meubles, sur l'agilité phénoménale de la chorégraphie des combats.

Dans la dernière partie du film, les camarades d'Eric Campbell kidnappent Edna Purviance et la planquent dans un sous-sol où, bizarrerie, on aperçoit sur les murs les portraits de l'empereur Nicolas II de Russie et de son épouse. Les méchants étaient déjà des Russes (précision, la Révolution bolchevique n'aura lieu qu'en octobre 1917). Autre étrangeté, l'un des malfrats qui menace de violer Edna se fait une piqûre de drogue avant son méfait. De mémoire, c'est la plus ancienne image de drogue dure vue dans un film. Easy Street deviendra idyllique, pur fantasme dû sans aucun doute à cette drogue.















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