samedi 14 janvier 2017

Charlotte et son Jules (Jean-Luc Godard, 1958)

Belmondo avait 25 ans, Godard en avait 28. Jean-Paul, c'est le corps gigotant ses grands bras, remuant la tête, faisant des grimaces, se déplaçant sans arrêt, Jean-Luc, c'est la voix qui double son acteur pour des raisons légendaires, sans doute parce que la bande son n'a jamais existé ou qu'elle a été perdue. Charlotte et son Jules est le moment de leur rencontre, en 1958, galop d'essai un an avant A bout de souffle, une comédie amusante et frivole pendant une douzaine de minutes dans une minuscule chambre.

Un scénario léger comme une blague de café du commerce. Une jeune fille aux cheveux courts arrive, la Charlotte en question jouée par la pimpante Anne Colette, déjà actrice pour Godard dans Tous les garçons s'appellent Patrick. Elle est dans la voiture de son nouveau petit ami qui conduit, un Gérard Blain qui va klaxonner dans la rue pendant qu'elle est là-haut. Charlotte a deux ou trois lignes de dialogues, quelques courtes répliques, elle écoute surtout le gars déblatérer. Elle lève les yeux au ciel, fait la moue et se moque de lui.

Et le garçon a la bougeotte. D'abord, il se change, il enlève son petit pull rayé qu'il porte sur un t-shirt blanc (l'état d’adolescent) à un costume cravate (l'état d'adulte) pendant que Charlotte, qui porte un chemisier à pois – c'est dire si elle n'était pas faite pour lui – mange sa glace à deux boules (et donc à haut sens sexuel) qu'elle ne finira pas et jettera par l'unique fenêtre. Sur le mur de sa chambre, le gars n'a accroché que des images et des peintures de filles, des actrices. D'ailleurs Charlotte se pince d'être une actrice.

Alors ce garçon de 25 ans de quoi cause-t-il ? Il commence son blabla sur le mode de la Pomponette qui revient, il imagine qu'elle est déçue par son nouvel amant. Et il poursuit avec quelques jolis et plaisants aphorismes sur le cinéma comme Godard aime en sortir. Puis il affirme qu'il lui rendrait un service s'il se remettait avec elle. Et il continue avec quelques horreurs misogynes avec deux ou trois merde, bordel, con. Il essaie de la coincer devant le miroir mais elle est venue chercher sa brosse à dents et file rejoindre Gérard en laissant en plan ce crétin de Jean-Paul.
















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