jeudi 6 octobre 2016

Miss Peregrine et les enfants particuliers (Tim Burton, 2016)

Quand j'ai regardé cet été les films de Tim Burton de sa première décennie de créativité, entre Pee-Wee's Big adventure et Mars attacks, je me suis demandais si je prolongeais. Depuis Sleepy hollow, j'ai vu tous ces films, espérant, comme beaucoup, retrouver ce petit supplément qui me plongerait dans l'émotion pure. Certes, ses films depuis 15 ans ne sont pas mauvais, certains sont même pas mal (Big fish, Charlie et la chocolaterie, Frankenweenie le long-métrage, Dark shadows) certains sont hideux à regarder (Sweenie Todd, Alice au pays des merveilles), d'autres sont totalement à côté de la plaque (La Planète des singes, Big eyes).

A milieu de tout cela, Miss Peregrine et les enfants particuliers est dans les films pas mal (si cela correspondait à une vraie catégorie). Partout, je lis qu'il cherche à renouveler ses collaborateurs, adieu Johnny Depp et Helena Bonham-Carter, au revoir aussi Danny Elfman (là, on ne gagne pas au change), mais il retrouve le monteur de ses meilleurs films Chris Lebenzon. Et aussi Eva Green, dans un rôle opposé à celui qu'elle tenait dans Dark shadows. C'est d'ailleurs étonnant ce titre de film puisque le jeune Jake (Asa Butterfield) est le personnage principal, tout tourne autour de lui, mais il ne le sait pas encore.

La judicieuse idée du film est de tout commencer en Floride, le premier plan est sur une plage ensoleillée, loin du gothique promis par la tenue d'Eva Green. Mais ce n'est pas une nouveauté, Edward aux mains d'argent avait lieu dans un lotissement coloré et, comme le fils redneck dans Mars attacks, Jake bosse dans un fast-food. D'ailleurs, on retrouve O-Lan Jones, première guide de Jake. Elle était la bigote dans le premier film et la mère des bouseux dans le deuxième. Très vite, Tim Burton glisse d'une Floride diurne et accueillante à une autre nocturne et plongée dans un épais brouillard.

Jake est ignorant du destin qui l'attend et le récit est peuplé de guides qui vont l'amener à comprendre de quoi il retourne. D'abord son grand-père (Terence Stamp) qui lui raconte des histoires de sa jeunesse et lui narre la vie, à l'aide de photos noir et blanc délavées, de ses anciens camarades, de ses amis qu'il n'a pas vus depuis des décennies. Et là, c'est le drame, le grand-père est sauvagement tué dans son jardin et ses yeux arrachés. Jake n'en démord pas, tout cela à quelque chose à voir avec ces vieux contes qu'il a ingurgités depuis l'enfance. Il s'agit maintenant pour Tim Burton de les faire exister.

Les guides se suivent, le père (Chris O'Dowd), plus intéressé par le sport que par les récits gothiques, la psy de Jake (Allison Janney) qui suggère d'aller dans cette petite île au large du Pays de Galles pour retrouver Miss Peregrine. Et c'est parti pour un voyage dans la brume, dans les vertes collines et dans l'inconnu. Un village où Jake va vite constater que l'institution de Miss Peregrine est en ruines, que le récit de son grand-père n'était qu'un conte pour enfant. Jusqu'à l'effet Brigadoon (heureusement sans les chansons) où Jake traverse le temps quand il traverse une grotte.

Depuis Charlie et la chocolaterie, c'est la première fois qu'un film de Tim Burton a autant d'enfants et d'adolescents. Tous guidés par Miss Peregrine, la dame faucon, ces jeunes vont faire découvrir à Jake l'envers du décor de l'institution bloquée en ce jour de septembre 1943. La petite communauté est un succédané du cirque de Freaks de Tod Browning, en gentil. On imagine sans peine que Edward aux mains d'argent aurait pu en faire partie (on découvre d'ailleurs des sculptures sur arbre dans le jardin), tout comme le Pingouin.

Mais toute cette petite troupe est mignonne comme tout. Emma (Ella Purnell), la demoiselle aux chaussures de plomb guide Jake au milieu de ses camarades pas tous enchantés de sa venue, Enoch (Finlay McMillan) est le plus rétif. Le super méchant arrive dans la deuxième heure, c'est Barron (Samuel L. Jackson). Passées les explications verbeuses et l'absence total d'émotion, le film prend son envol dans le finale où les pensionnaires de l'institution affrontent Barron. Cette fois, c'est Jake enfin conscient de tous ses pouvoirs qui devient le guide du récit. Il était temps.

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