lundi 3 octobre 2016

Les Plaisirs de la chair (Nagisa Oshima, 1965)



Il ne faudra pas moins de quatre femmes à Wakizaka (Katsuo Nakamura) pour essayer de remplacer Shoko (Mariko Kaga), la seule et unique femme qu’il a toujours aimée. Les Plaisirs de la chair est le récit de cette tentative d’oubli de cet amour unilatéral. Wakizaka est un simple étudiant quand il rencontre Shoko puis devient professeur, ce qui signifie qu’il est pauvre. Shoko l’invite a son mariage, à son grand dam et il y va. Les parents de la jeune mariée, connaissant la passion de Wakizaka pour leur fille, en profite pour lui demander de tuer l’homme qui a violé Shoko. Il accompli cet acte criminel par amour.

Peu de temps après, il reçoit dans son modeste appartement, la visite d’un fonctionnaire qui affirme être l’unique témoin du meurtre. Il lui propose un marché. Le fonctionnaire a détourné de l’argent public, il sait qu’il va être découvert, arrêté et mis en prison. Il veut que Wakizaka garde trente millions de yens pendant ses cinq ans de geôles pour les récupérer à sa sortie. Il ne devra pas en dépenser et, en contrepartie, le fonctionnaire se taira. Il accepte ce marché, quatre ans se passent et il a soudain une idée. Il va dépenser tout l’argent en un an, il va coucher avec des femmes et, juste avant que le fonctionnaire ne sorte de prison, mettre fin à sa vie.

Les femmes, pour un puceau comme Wakizaka, il n’est pas évident de les aborder. Il engage Hitomi (Yumiko Nogawa) dans un bar à prostituées. Elle accepte le marché contre un million de yens par mois. Tout se déroule bien au début, elle s’achète de beaux vêtements, se parfume, se fait belle, mais leurs rapports restent superficiels. La deuxième femme est Shizuko (Masako Yagi), son époux vient s’immiscer dans leurs aventures sexuelles. C’est un minable, incapable de garder un boulot. Ils ont deux enfants. Il va leur léguer beaucoup d’argent et sa maison pour qu’ils s’en sortent en leur écrivant une lettre d’une rare cruauté.

Puis il passe à Keiko (Toshiko Higuchi), une femme rencontrée chez son médecin. Elle est froide, refuse de coucher avec lui, elle est à la fois frigide et castratrice. Finalement, il met son dévolu sur Mari (Hiroko Shimizu), une jeune muette que son proxénète présente comme idiote. Elle devient, en opposition avec Keiko, un corps avec lequel il peut faire l’amour, avec lequel il peut enfin assumer ses désirs, de la chair et rien d’autre. Mais là, le proxénète va venir s’en mêler. Et l’argent commence à manquer, l’année finit par s’écouler.

Le film n’est pas du tout sensuel et Wakizaka ne retire aucun réel plaisir de la chair tant les obstacles qui se mettent sur son chemin l’en empêchent. Plus la sortie du fonctionnaire approche, plus son état mental s’aggrave. Il commence à voir le visage de Shoko quand il étreint ses femmes. Ce qui lui coupe tous ses élans. Puis, c’est le fonctionnaire qui lui apparait, venant réclamer l’argent qu’il n’a plus. Nagisa Oshima joue sur les couleurs pour donner un effet proche du fantastique. Les scènes de tension (avec les différents « époux » ou proxénètes) sont filmées en plan séquence. Chacune des femmes est montrée dans une scène où les surimpressions des corps ou des objets déterminent son caractère. Mais ce qui ressort avant tout est que Wakizaka est incapable d’aimer dans le vrai monde, que ses désirs sont mortifères et sa vie est une tragédie.


























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