jeudi 27 octobre 2016

Le Septième sceau (Ingmar Bergman, 1956)

Hier soir, j'ai eu envie de regarder Le Septième sceau. Je ne l'avais pas vu depuis 20 ans. Voir un film tous les 20 ans, c'est un bon délai. Même avec mon vieux DVD pourri, le film est toujours aussi beau. Cette mer lance ses vagues contre les rochers, les chevaux flânent, Antonius Block (Max Von Sydow) le Chevalier de retour de croisade prend le soleil, Jöns (Gunnar Björnstrand) son fidèle écuyer dort sur les galets. C'est le matin. Le vent souffle tandis que l'on entend les trompettes de la Révélation. La Mort s'approche tout doucement du croisé, son temps est arrivé. La peste infecte la région et tue par milliers. Bienvenue dans le terrible moyen-âge.

La Mort incarnée par Bengt Ekerot est tout de noir vêtu, sa cape entoure son visage blafard. C'est le moment le plus célèbre du film, celui de la partie d'échecs. Le Chevalier défie le visage de la Mort. Il demande un délai avant de mourir. Délai accordé. Ils se donneront rendez-vous jusqu'au château du Chevalier où il doit retrouver son épouse qu'il n'a pas vu depuis 10 ans, depuis son départ aux croisades. Dans leur balade funeste, Antonius et Jöns vont croiser pas seulement des pénitents qui se flagellent sous les fumées de l'encens, corps mutilés, lacérés et ensanglantés, mais aussi des forains et des villageois qui prennent quelque bon temps, boivent des pintes de bière, en attendant que la peste les emporte eux aussi.

J'ai toujours émis l'hypothèse que Le Septième sceau était une comédie contrariée, c'est pour cela que je voulais le revoir, je me rappelais avoir souri lors de mon premier visionnement du film. Certes, ce n'est pas du burlesque, Ingmar Bergman n'est pas Woody Allen, mais l'arrivée des trois forains procurent quelques moments de joie. Le directeur des baladins, Jonas (Erik Strandmark), prétentieux cabotin dirige sa petite troupe, le jovial Jof (Nils Poppe) fait des galipettes dans l'herbe dès son réveil et sa femme Mia (Bibi Andersson) cajole leur bambin Mikael. Ce sont des histrions et le spectacle est bien médiocre, mais ils mettent une grande joie à se produire devant des spectateurs peu intéressés par les morceaux accompagnés à la cithare. La pièce finie, Jonas va séduire les femmes du village.

Sur le chemin vers le village, Jöns chante des chansons paillardes sous le regard réprobateur du Chevalier. Jöns roule des yeux devant l'incompréhension du seigneur. Tout le monde se rejoint dans l'auberge où le forgeron Plog (Ake Fridell), soûl comme un cochon se lamente que sa belle Lisa (Inga Gill) soit partie conter fleurette avec un des comédiens. Le bon gros bonhomme ne sait pas lequel. Jöns va tenter de régler tout ce vaudeville, ces légers quiproquos inextricables. Il sauvera une jeune femme. Les personnages vitupèrent avec bonheur, ils se crient les uns sur les autres, ils titubent sous les tables et finalement ils se tombent dans les bras. La confrontation entre le gentil Plog et Jonas qui porte une barbe factice dans son ridicule costume, appelant Lisa Cunégonde est l'un des moments comiques les plus réussis du Septième sceau.

Mais la Mort continue de rôder. Le sympathique Jof a des visions. En début de film, ils voyait la Vierge lui sourire tandis qu'elle aidait l'enfant Jésus à apprendre à marcher. En fin de film, il découvre finalement la Mort qui joue ses derniers pions sur l'échiquier. Le Chevalier n'est plus le seul à la voir. Le Septième sceau se défait progressivement de ses élans de comédie. Une femme accusée de sorcellerie par un prêtre vaniteux et acariâtre (le même qui avait poussé le Chevalier a partir aux croisades) va être brûlée sur un bûcher. La Mort met échec et mat. Tout est fini pour la petite troupe qui tentait de fuir la peste. Dans la farandole finale sur la crête de la falaise, la Mort armée de sa faux emmène le Chevalier et son écuyer, le forgeron et sa femme, la jeune femme et Jonas vers leur destin sous les yeux de Jof et Mia, enfin unis dans une vision.


























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