vendredi 21 octobre 2016

La Chamade (Alain Cavalier, 1968)

L'oisiveté est un art que Lucille (Catherine Deneuve) pratique avec délices et bonheur. Elle vit depuis trois ans avec Charles (Michel Piccoli), un homme plus âgé qu'elle de 10 ans. Une belle maison à Neuilly qu'ils quittent tous les soirs pour aller voir leurs amis, tous aussi mondains et bourgeois qu'eux. Cette après-midi-là, quand commence La Chamade que Alain cavalier adapte avec Françoise Sagan du roman de cette dernière, toute la petite bande joue au croquet dans un jardin.

« Qui est Antoine ? » demande Lucille au sujet du prochain joueur, « c'est lui » répond-on. Un grand garçon au sourire discret, Antoine (Roger Van Hool) semble être la récente conquête de Diane (Irène Tinc, l'épouse d'Alain Cavalier à qui il consacrera des décennies plus tard le film Irène), la pimpante et bavarde amie du couple. Ou peut-être devrait-on dire duo car Charles et Lucille se vouvoient, à l'ancienne, et ne font pas chambre commune. Et si l'on en croit son sourire pendant ce début de film, elle vit une vie idéale.

Un soir, après une représentation de théâtre, Charles et Diane ont l'idée saugrenue de mettre Lucille dans les pattes d'Antoine. Il doit la conduire dans son auto jusqu'au restaurant. Sans doute, Charles et Diane testent la fidélité de leurs amants respectifs, comme un jeu qu'ils vont perdre. Antoine devient l'amant de Lucille, une liaison qu'ils gardent secrète, malgré les regards de certains de leurs amis communs, elle continue de vivre à Neuilly elle va le voir dans son petit appartement.

Il vit dans une chambre de bonne à Paris. L'endroit n'est pas grand, les étagères sont remplies de livres alors que chez Charles ce sont surtout les volumineux bouquets de fleurs qui encombrent les immenses pièces qu'elle traverse dans ses robes Yves Saint Laurent (il l'habille pour la première fois). Seulement voilà, Antoine veut qu'elle vive avec lui, uniquement avec lui, il veut qu'elle quitte Charles définitivement. Mais elle n'y arrive pas, elle ne s'y résout pas, elle ne veut pas choisir.

Le sourire de Lucille donne une grâce exquise au film. Catherine Deneuve avec un naturel confondant joue la légèreté (la belle scène devant le théâtre où elle mange des chips face à quatre jeunes qui la draguent) comme l'ennui (les scènes où elle travaille aux archives d'un journal) ou la gravité (son avortement, alors illégal, aborder le sujet pouvait causer des soucis au cinéaste). Ce sourire incarne la liberté de Lucille, son indépendance d'esprit, son mai 68.
























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