vendredi 17 juillet 2020

Star 80 (Bob Fosse, 1983)

Bob Fosse aime les sujets scabreux et dénuder ses actrices, certes dans ses deux premiers films Sweet Charity et Cabaret Shirley MacLaine et Liza Minnelli ne sont que des artistes de music hall en combinaison, mais dès Lenny, puis All that jazz et enfin Star 80, il défeuille petit à petit ses actrices. Mariel Hemingway est Dorothy Stratten, la gentille petite canadienne de Vancouver, future pages centrales de Playboy, alors qu'elle était à peine majeure.

Avec tout ce que cela comporte de nudité dans le film. Bob Fosse se rince bien l’œil, le spectateur peut bien se rince l’œil avec toutes ces scènes de photographie pour le magazine américain avec un sens immodéré du cliché, pas une seule invention visuelle, au contraire une reproduction de l'effet érotique plat, mais contrairement à Lenny et All that jazz sans le recul nécessaires qui faisaient de ces deux films une critique de l'industrie américaine du spectacle.

Etrangement, c'est le « découvreur » de Dorothy qui endosse le point de vue, le moustachu Paul Sinder (Eric Roberts), amoureux de son propre corps, admirant sa musculature devant son miroir après une séance de pompes. La séquence d'ouverture est là pour appuyer sur un élément simple : le narcissisme de Paul causera la perte de Dorothy. Paul Snider est l'exact contemporain de Tony Montana de Scarface, ils partagent leur passion pour les costumes de maquereau.

Le spectateur de 1983 avait entendu parler, probablement, de Dorothy Stratten, un faits divers atroce, un meurtre par Paul Snider. Lenny se terminait par la photo de son corps nu après son suicide, Star 80 commence par la mort de Dorothy enclenchant un flash-back avec divers intervenants, comme dans Lenny, pour dresser le portrait de ce couple, elle l'innocente petite fille, lui le salaud parfait, manipulateur, escroc, jaloux maladif.

Comme dans tout film tiré d'une histoire vraie, en tout cas à Hollywood, on garde les noms. Hugh Hefner (Cliff Robertson) le patron de Playboy devient le mentor de Dorothy. Elle l'héberge dans son « manoir » où elle croise des célébrités, ce qui accentue la jalousie maladive de Snider. Bob Fosse ironise sur la vulgarité non pas de Hefner, montré comme un gentil papa poule, mais de Snider et de sa grande gueule toujours à la ramener totalement fasciné par un star system qui le rejette.

Le seul à être transformé est Peter Bogdanovich devenu un certain Aram Nicholas (Roger Rees) qui se voit contraint, pour faire de la pub sur son film, d'engager Dorothy. On le sait (enfin plus ou moins), Bogdanovich a été l'amant de Dorothy sur le tournage de They all laughed (un film assez moyen), il épouse même plus tard sa petite sœur (ici prénommée Eileen). C'est pour des raisons légales que le nom du cinéaste a été changé. Peu importe.


Bob Fosse a toujours aimé les personnages antipathiques, et Eric Roberts est formidable, mais il s'était gardé d'étaler le salace, le voyeurisme, le sensationnalisme, mais à peu rien ne s'équilibre dans Star 80, je le redis c'est encore à cause de l'absence de visée politique ou artistique (la censure, la liberté de parole, le racisme) tout en reproduisant l'imagerie vulgaire de l'époque, comme le fera Paul Verhoeven dans Showgirls avec le même résultat.

























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