lundi 27 juillet 2020

Ip Man 4, le dernier combat (Wilson Yip, 2019)

Par quoi commencer si ce n'est par le plaisir jamais éteint d'entendre du cantonais dans une salle de cinéma. C'est que ça ne court pas les rues les films de Hong Kong parlé en cantonais, même Tsui Hark fait parler mandarin pour aller sur le marché chinois. Les premières conversations sont entre Ip Man (Donnie Yen), son vieil ami Bob (Kent Cheng) et son fils Ching (Ye He). Pas une discussion, une dispute sur l'avenir du rejeton, féru de kung-fu mais que le paternel veut envoyer à San Francisco pour faire ses études.

Le maître des arts martiaux a appris qu'il est condamné, il a un cancer de la gorge, son médecin lui conseille d'arrêter de fumer. Ce qu'il fera est de prendre les devants, avec toujours ce grand calme qui caractérise Ip Man et que Donnie Yen, que j'ai longtemps pris pour un acteur inexpressif, sait parfaitement rendre à l'écran. Voilà la raison pour laquelle Ip Man se rend en Californie en 1964. le film commence d'ailleurs là-bas lors d'un gala de Bruce Lee (Danny Chan) où le jeune comédien montre la valeur de son kung-fu.

Puis le film entame un court flash-back avec l'arrivé comme un chien dans un jeu de quilles d'un certain Billy (Simon Shiyamba) dans l'école de kung-fu de Hong Kong. Lui, ce gigantesque Noir ne parle qu'anglais, les élèves de Ip Man que cantonais. Ils manquent de se castagner. Billy vient tout simplement remettre au sifu une invitation lancée par son ancien disciple (il faut regarder les précédents films Ip Man pour voir quels sont les relations réelles ou fantasmées entre Ip Man et Bruce Lee). Pas de baston, mais un refus poli du maître d'aller aux USA.

Et pourtant, il s'y rend, le début du film en fait foi. Son intention est avant tout d'avoir une lettre de recommandation du directeur du Cercle Chinois de Californie, le maître Wan (Wu Yue). L'accueil est glacial. Ip Man entre dans la pièce où sont assis tous les maîtres d'arts martiaux, de différentes écoles, autour d'une table ronde. Personne ne parle à Ip Man, puis les reproches fusent : Ip soutient Bruce Lee qui veut diffuser le kung-fu en Occident. Pour Wan et ses pairs, c'est une trahison. On remarquera que Wan parle mandarin, la langue de Pékin.

Puis il faut continuer par des combats d'arts martiaux, avec ce cher vieux Yuen Woo-ping pour régler les chorégraphies. La première confrontation entre Ip Man et Wan est plus visuelle que physique, avec une table en verre qui tourne et chaque adversaire pousse de sa main jusqu'à ce qu'elle se brise. Donnie Yen et Wu Yue ne seront pas les seuls à se battre dans Ip Man 4 le dernier combat, au contraire, la relève est là, Danny Chan un peu, Van Ness dans un personnage de soldat de la marine puis tous les maîtres.

Dans cette Californie de 1964, les racistes sont les adversaires. À commencer par un certain Colin (Chris Collins) qui affirme que le kung-fu ne vaut pas son karaté (il brise des moellons avec sa main), puis le commandant de la marine Geddes (Scott Adkins), il commet l'outrage de brûler le mannequin pour l'entraînement apporté par Van Ness pour initier au kung-fu ses collègues de l'armée. On discerne, sans finesse, une allusion aux croix enflammées par le Ku Klux Klan pour effrayer les Noirs.

Enfin, toujours avec de gros sabots, c'est la jeune fille de Wan, Yonah (Wanda Lee), lycéenne et seule asiatique dans cet établissement qui est la victime de la jalousie d'une de ses camarades de classe. Elle vient d'être désignée capitaine de l'équipe de pom-pom girls mais l'autre jeune fille l'agresse. Elle se plaint chez elle d'avoir été agressée par Yonah. Grosse coïncidence (le scénario est bien fait), le père de l'affreuse jalouse bosse au service d'immigration et va aller se venger (autre coïncidence, le Billy du début est son collègue).

Pour terminer, je dirais qu'il y a des choses plaisantes et bien conçues dans Ip Man 4 le dernier combat, un peu toujours les mêmes choses, les combats et les décors. Wilson Yip n'a pas tourné son meilleur film (ni le pire non plus, dans mon souvenir Ip Man 2 était bien plus raté), mais ce qui ne gêne le plus reste les facilités scénaristiques et la lourdeur pour dénoncer les racismes. J'aurais aimé un tantinet de subtilité. Qu'on se rassure, les Chinois – cantonais comme mandarins – vont s'unir pour donner une bonne leçon à ces affreux jojos qui les ont humiliés.

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