vendredi 3 mai 2019

Now apocalypse (Gregg Araki, 2019)


« Tu peux t'enfuir Ulysses, mais tu ne peux pas échapper à ton destin. Seuls toi et moi connaissons la vérité, On est les seuls à pouvoir les arrêter. La race humaine est finito, game over. C'est la fin de notre monde. Je suis l'archange Gabriel représentant de Dieu. On m'a envoyé pour t'annoncer la bonne nouvelle d'un destin fatidique. ». Le Gabriel inventé par Gregg Araki et incarné par Tyler Posey est loin des canons de l'imagerie biblique, torse nu, tatoué, le regard enjôleur, il est un angle sexy en diable auquel Ulysses Zane (Avan Jogia) a bien du mal à résister.

Ulysses a rencontré Gabriel un soir et ils ont couché ensemble. Voilà le début de la série Now apocalypse. Coup de foudre. Seulement voilà depuis, Uly ne sait pas s'il a rêvé, s'il a fumé tant de joints qu'il ne sait plus où est la réalité, si Gabriel existe vraiment ou s'il ne l'a pas inventé. Car dans cette scène décrite plus haut qui arrive dans le dernier tiers du récit, Gabriel apparaît par miracle à son amant, se met à souffler dans un trompette et disparaît dans un éclat de rayons en arc en ciel. Puis Ulysses se réveille.

En tout cas, Carly Carlsson (Kelli Berglund) la meilleure amie d'Ulysses n'a jamais réussi à voir ce fameux Gabriel qui semble si parfait. Elle doute de son existence et suggère à son pote d'arrêter la drogue. Pour l'instant, Uly a du mal surtout que son boulot est chiant à mourir, il est vigile de nuit dans une carrosserie. La marijuana l'aide à passer la nuit et c'est justement là qu'il croise un clodo hirsute et sauvage (James Duval) qui erre. Plus tard il le surprendra en train de se faire sodomiser par un reptile alien. Ulysses encore une fois ne sait plus où il en est.

La série télé réussit à Gregg Araki qui peut en dix épisodes d'une demi-heure chacun développer tous ses fantasmes. En tout premier lieu le débridement sexuel. Ulysses rêve du grand amour et pense l'avoir trouver avec Gabriel. Mais il aura quelques autres plans cul, une femme très androgyne lors d'une étrange soirée, un latino peroxydé avec lequel il pense avoir trouvé son alter-ego et il fantasme sur son colocataire Ford (Beau Mirchoff) à l'impressionnante pilosité, un colosse au cerveau riquiqui qui sort avec Séverine (Roxane Mesquida).

Voilà tous les personnages principaux en place qui vont créer entre eux des rapports circulaires, des récits qui se croisent, se défont et s'aspirent les uns les autres. La sexualité tient évidemment une grande part du récit. Les personnages en parlent beaucoup dans des moments de pose où Carly et Uly dans des tenues colorées, affolantes et exubérantes discutent dans des bars, des soirées, chez eux ou tous simplement par téléphones et tablettes interposés. Assez vite, Now apocalypse s'avère être l'anti Looking, l'excellente série du cinéaste britannique Andrew Haigh.

Looking se déroulait à San Francisco, celle de Gregg Araki se passe à Los Angeles et forcément Hollywood prend une part importante dans la vie professionnelle des personnages. Carly, comme Anna Faris dans Smiley face tente d'être actrice mais elle doit se contenter de faire des vidéos coquines. Ford se rêve scénariste et il va être pris, sans qu'il s'en rende compte, dans une ronde de séduction où il aiguise l'appétit sexuel de deux gars bien bâtis (comprendre, ils soulèvent de la fonte), Otto et Barnabas mais reste fidèle, stupidement, à Séverine.

Séverine est l'astre noir qui gravite autour de ces trois étoiles filantes. Sa beauté froide amène l'obsession de Gregg Araki depuis longtemps, le complot reptilien, l'invasion des aliens et justement le personnage de Roxane Mesquida, aidée par deux jumeaux, est de combattre, en secret, ces aliens reptiliens. Comme à son habitude, ce surgissement de complot est une parodie, il se moque des théories complotistes (effrayante intervention d'Henry Rollins). Tout cela est un peu fourre-tout, souvent amusant, parfois sensuel, un peu gamin par moments, c'est tout l'univers de Gregg Araki sur cinq heures.

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