jeudi 30 mai 2019

Divorce à l'italienne (Pietro Germi, 1961)


Les cheveux plaqués à la gomina, la moustache fine, le porte-cigarette à la main, Fernando Cefalù (Marcello Mastroianni) rentre dans sa ville natale en train. Féfé, comme toute le monde le surnomme, n'est pas n'importe qui dans la commune de Agromonte, il en est le baron, un nobliau dont il porte les signes distinctifs dans cette posture distingués. Il sort de son compartiment et traverse le wagon et retrouve sa ville de Sicile.

C'est la voix off de l'acteur qui décrit l'environnement dans lequel il va évoluer et qui va permettre de comprendre pourquoi il est dans ce train. C'est d'abord une présentation statistique de la ville, le nombre d'habitants et surtout d’illettrés. Puis il en vient à présenter toute sa famille qui l'attend. Le tout est fait avec une belle ironie, on comprend assez vite le peu de sympathie que Fernando a pour à peu près tout le monde.

Il raconte qu'il est marié depuis 12 ans avec Rosalia (Daniela Rocca) au visage ingrat. Elle porte une moustache de duvet sur les lèvres et surtout ces deux sourcils sont joints. Chaque soir, Féfé refuse les câlins qu'elle lui offre sous n'importe quel prétexte. Ce qu'il n'ose pas dire est qu'il est amoureux de sa jeune nièce Angela (Stefania Sandrelli) qui est encore au lycée. Evidemment, cette passion doit rester secrète du reste de la famille.

Pietro Germi montre ses membres comme autant de monstres. Les parents possessifs, le grand-père qui met la main aux fesses de la petite bonne, la sœur à lunettes qui est amoureuse d'un ami, un croque-morts, l'oncle qui se dispute sans cesse avec le reste de la famille. Tout le monde se retrouve le dimanche sur les premiers bancs de l'église, à écouter le curé ordonner de voter pour la démocratie chrétienne (gag hilarant).

L'ensemble du film ne se départ pas d'un ton sarcastique qui enrobe tous ces hypocrites et en premier lieu Féfé qui, quand il est chez lui, n'est pas aussi fringant que lorsqu'il est en représentation. Bien au contraire, il ne quitte jamais son pyjama rayé (comme s'il était en prison), il ne se coiffe plus gardant ses cheveux hirsutes, laissant son petit tic de la bouche prendre le dessus. Et plus Féfé repousse sa femme, plus il a envie de la jeune Angela.

Petit à petit, il manigance un plan pour se débarrasser de sa femme et c'est cela le récit profond du film, car en Italie on ne divorce pas, et surtout pas en Sicile, c'est illégal et en plus ça déshonore la famille. Avec une joyeuse ironie, tout va se faire le soir de la projection de La Dolce vita dont on voit quelques extraits et surtout une séance où toute la ville semble venue voir ce film, où on ne voit pas Marcello Mastroianni mais seulement Anita Ekberg.

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