jeudi 3 septembre 2015

Ricki and the Flash (Jonathan Demme, 2015)

Vous avez aimé entendre Meryl Streep chanter du Abba dans Mamma Mia!, vous avez aimé entendre Meryl Streep chanter de la country dans The Last show de Robert Altman, vous allez adorer entendre Meryl Streep chanter du rock dans Ricki and the Flash. Guitare en main, avec ses quatre musiciens, elle est sur scène dès le début du film en interprétant (en entier) une chanson de Tom Petty. Ce qui ne l'empêche pas d’enchaîner avec du Lady Gaga « pour le public jeune ». Blouson de cuir, tatouages, cheveux tressés, Ricky est une chanteuse rock qui fait des concerts dans un bouge de San Fernando Valley (où se déroule aussi We are your friends), ville monotone de la banlieue de Los Angeles. Caissière le jour, rockeuse le soir, elle joue pour un public maigre et plus très jeune depuis une quinzaine d'années. Elle sort avec Greg son lead guitar, qu'elle taquine sur scène au lieu de lui faire des grandes déclarations.

Ricki s'appelle en vérité Linda et son ex-mari Pete Brummell (Kevin Kline que je n'avais pas vu dans un film depuis des siècles) l'appelle pour lui annoncer que leur fille Julie ne va pas très bien. Ricky file à Indianapolis pour la soutenir. Là, on découvre la vie que Linda-Ricki a abandonné depuis 25 ans. Une vie en résidence haut de gamme alors qu'elle vit dans un minuscule appartement, un frigo bien rempli alors qu'elle mange des hamburgers, une vie bien rangée alors qu'elle a choisi d'être Bohème. Si la rencontre avec Pete se passe bien, les retrouvailles avec sa fille abandonnée enfant sont explosives. Pires sont celles avec ses deux fils. L'un ne veut pas lui annoncer son prochain mariage de peur qu'elle le gâche, l'autre a toujours souffert qu'elle n'accepte jamais son homosexualité et refuse de lui parler. Linda se revendique Républicaine dans sa frange la plus réac, celle des bien-nommés « Neo-con ».

Le film de Jonathan Demme est construit sur un schéma bien classique des retrouvailles difficiles, de la réconciliation suivie par la rupture brutale et amère en milieu de film pour arriver au finale où tout le monde s'embrasse et danse sur un morceau de Bruce Springsteen. Conservateurs et progressistes, gay et hétéro, noirs et blancs, Sprinsteen et Gaga peuvent s'entendre. Le film serait d'une démagogie éprouvante sur les différents franges des Etats-Unis qui peuvent se réconcilier grâce à leur bien commun, la musique donc, sans le génie de Meryl Streep et Kevin Kline (et des autres acteurs) pour faire passer la pilule. Leur jeu permet d'insuffler un peu d'ironie (on rit beaucoup) dans ce message très unanimiste et convenu. Dans la grande tradition du cinéma hollywoodien, les personnages s'améliorent. Ricki and the Flash est un feel good movie, comme on dit, et c'est bien agréable de voir tout le monde s'amuser sur l'écran.

Aucun commentaire: