vendredi 11 septembre 2015

Africaine (Stéphanie Girerd, 2014)

C'est le dépaysement total pour Géraldine quand elle arrive au Sénégal. Son téléphone n'a pas de réseau, elle veut faire la bise mais on ne dit pas bonjour comme ça, elle offre du parfum à sa mère qui n'en met plus à cause des moustiques. Un homme lui dit, pendant son attente, qu'elle devrait se mettre au bon tempo, celui de l'Afrique. Elle ne comprend pas cette mentalité, ça viendra. Séquence d'ouverture sous le signe de l'humour.

Géraldine est venue apporter des médicaments à ses parents. Pharmaciens, ils ont ouvert un dispensaire en pleine brousse. Quand Géraldine arrive, après plusieurs heures de route et autant de retard, elle veut reprendre l'avion immédiatement. Elle se rend compte que sa grande sœur Alice est aussi là. Elle ne lui parle plus depuis douze ans. On lui fait comprendre, sans prendre de gants, que cette dispute et ces caprices n'ont pas leur place ici.

Africaine est autant un portrait croisé de ces deux sœurs, l'une blonde l'autre brune, qui sont fâchées (on en connaît l'explication depuis la scène d'ouverture) que le portrait d'un Sénégal mystérieux que veut découvrir Géraldine. Cette Afrique l'attire autant qu'elle lui fait peur. Elle doit d'abord perdre ses habitudes de jeune parisienne qui peut faire ce qu'elle veut quand elle veut. Elle doit ensuite se réconcilier et recoller les morceaux.

L'Afrique que montre Stéphanie Girerd est multi-culturelle. Auguste, le gardien de la maison, est un chrétien avec beaucoup d'humour. Il a un pansement sur l’œil droit. Le marabout le soigne parce qu'il ne croit pas à la médecine des blancs. Fatti, employée à la pharmacie, est musulmane mais elle respecte les croyances des anciens. C'est justement ces anciens qui attirent Géraldine. Elle n'a qu'une envie : rencontrer le marabout et aller dans la forêt sacrée. On lui déconseille.

Tout le récit d'Africaine est traversé par l'idée du conte. Géraldine écrit des livres pour enfants. Un écolier lui dit qu'elle est une sorte de griot. Sa sœur s'appelle Alice comme chez Lewis Carroll. La cinéaste filme son entrée dans la forêt sacrée comme dans un rêve éveillé. Les ombres de baobabs se reflètent sur les pas de la jeune femme comme pour l'avertir qu'un danger peut la menacer, qu'elle devrait rebrousser chemin.

Parisienne à son arrivée, et ignorante de tout, Géraldine semble vouloir devenir plus africaine qu'une africaine. Sa transformation radicale pendant le film a de quoi effrayer. Auguste et Fatti ont beau lui demander de ne pas se frotter de trop près aux croyances, elle n'en fait qu'à sa tête. Le film crée une tension de plus en plus forte au fur et à mesure que son personnage se métamorphose et qu'elle met en danger sa sœur aînée. Africaine a lors des allures de film fantastique.

Africaine, premier long-métrage de Stéphanie Girerd est passé un peu inaperçu lors de sa sortie en février 2015. Il passe depuis de salles en salles, est programmé dans des festivals, où la cinéaste vient présenter son film. Il faut être à l’affût d'une séance près de chez vous.

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