mercredi 2 septembre 2015

La Volante (Christophe Ali & Nicolas Bonilauri, 2015)

Bonjour, je m'appelle Marie-France et j'ai décidé de prendre ma vengeance. La Volante retrace mon histoire et j'ai choisi deux cinéastes qui ont l'habitude de faire des films peu aimables. Nathalie Baye a l'honneur de m'incarner. Son visage un peu froid est parfait pour ne pas exprimer la haine que j'éprouve à l'égard de Thomas, mon nouvel employeur. Lui est joué par Malik Zidi, éternel jeune espoir du cinéma français. Il s'y connaît en films malsains, il a débuté chez François Ozon, à l'époque où il faisait encore des films piquants.

Me venger de quoi ? De la mort de mon fils tué dans un accident de voiture. Il pleuvait ce soir-là, Thomas conduisait la bagnole. Il emmenait sa femme Audrey à la maternité. On s'est croisé dans le couloir de l'hôpital. Quelle ironie tout de même, mon fils meurt et son fils naît. En même temps. Comme j'ai décidé que mon fils a été volé par Thomas, je vais m'approprier le sien. Je vais m'approcher de Thomas, le mettre en confiance puis lui tendre un piège diabolique. Neuf ans après la mort de mon fils, je deviens sa secrétaire particulière.

Comment j'ai réussi ce prodige ? Jamais le film ne l'expliquera. Je sais que ça aurait été passionnant de raconter tout ça, mais le film aurait été encore plus invraisemblable. Je suis parvenu à me faire embaucher pour remplacer sa collaboratrice en arrêt maladie. Vous saisissez ? Vous comprenez qui a pu la mettre en arrêt maladie ? Quand elle revient après sa convalescence, elle porte toujours sa minerve. J'y suis peut-être pour quelque chose, mais je ne le dirai pas. Le boss de Thomas trouve que j'ai fait du bon boulot, il voudrait m'embaucher pour sa paperasse, mais j'ai d'autres projets.

Entre mon arrivée dans la boite de Thomas et mon départ, j'ai su me rendre indispensable. Je devrais dire INDISPENSABLE avec des majuscules, tellement je fais du bon boulot au bureau. Il tâche sa chemise, je vais en acheter une. Son collègue oublie une fiche, je lui la trouve. Un rendez-vous est changé, je lui rappelle. Et je l'aide aussi après le boulot. Je fais du baby-sitting pour garder Léo, son fils. Faut dire que Thomas s'est disputé avec la mère du petit. Quelle aubaine, je vais pouvoir l'habituer à moi, lui donner l'éducation qu'il mérite et les valeurs que j'ai.

La mère de Léo semble comprendre que je suis un peu trop présente. Elle me jette des regards obliques sur une musique lourde d'insinuation. En général, tout le monde me jette des regards obliques sur une musique lourde d'insinuation, c'est le moyen qu'ont trouvé le duo de cinéastes pour faire monter la tension et l'angoisse. Tout le monde semble me suspecter. Faut pas me chercher car je cogne. Une pétasse en a fait les frais au restau, comme je te l'ai agrippée celle-là. Elle avait peut-être rien fait, mais ça montre aux spectateurs que je suis capable de tout.

Alors c'est vrai que montrer la folie qui s'empare de mon cerveau malade avec un seul moyen de mise en scène, c'est pas beaucoup. Mais je vais au bout de ma folie, je ne lésine pas sur les moyens pour m'emparer de Léo. Le petit semble résister, sa mère aussi, son père commence à avoir des doutes sur ma présence constante, mais ça fait rien, je m'accroche à l'idée de devenir mère à nouveau. Il me faut donc un nouveau mari et une nouvelle maison. Je choisit le père de Thomas, un veuf qui habite à la campagne.

Ça sera parfait la campagne pour élever Léo. J'ai failli écrire enlever. Ooops. Gros lapsus révélateur. Mais je crois que j'en ai déjà trop dit. On me compare à un personnage à la Hitchcock, sans doute parce que je suis blonde comme Kim Novak ou un peu barrée comme la femme de chambre de Rebecca. N'exagérons pas, je ne suis que Marie-France, secrétaire volante bientôt à la retraite, mais c'est déjà tellement plus crédible que Pierre Niney en déménageur/écrivain dans Un homme idéal. On a les thrillers qu'on mérite.

Aucun commentaire: